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Citation de dourvach


Même dans une grande ville, tard dans la nuit, les rues sont à peu près tranquilles. Ce qu'on voit et ce qu'on entend sont des visages et des bruits auxquels nos yeux comme nos oreilles se sont habitués depuis fort longtemps. Les bruits inhabituels ne sont pas des bruits. Les gens sont chez eux, bien à l'aise autour de la table familiale, ou au bistrot buvant une bière et parlant politique, ou au concert, recueillis, écoutant de la musiqiue, ou au théâtre suivant les événements captivants qui ont lieu sur la scène brillamment éclairée, ou ils sont là, à deux, à trois ou à sept, à un coin de rue mélancolique, parlant de choses profondes, ou allant dans une direction quelconque, sans but peut-être. " Hep, taxi ! ", lance un autre, et quelque part peut-être, un poète est terré dans sa chambre solitaire, des ivrognes déambulent d'un troquet à l'autre en braillant et agaçant les passants, un cheval de calèche tombe, une femme perd connaissance, la police, toujours prête à agir et rétablir l'ordre, s'empare d'un polisson, et tout à coup, une voix crie : "Au feu !" Tout près, semble-t-il, il y a un incendie. On était là, indécis et tournant en rond, on allait accuser l'heure de son insignifiance, on commençait à geler et maintenant, soudain, on se trouve devant quelque chose d'inattendu, de brûlant. (...)

(Robert WALSER, "L'incendie" - paru le 17 avril 1908 dans le "Berliner Tagblatt", Berlin - in "Retour dans la neige", récits - traduit de l'allemand par Golnaz Houchidar, pour les éditions ZOE, 1999)
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