" La nuit est belle, dit enfin Ambre. Et nous sommes beaux dans la nuit. Il y a une lune, quelque part au-dessus de nous, qui fait luire la brume comme de l'argent. Ici et là, je distingue des parties de toi. Un chapelet de gouttelettes d'argent sur une aussière tendue. Une déchirure dans la brume et des rayons de lune éclairent notre route sur le fleuve. Tu glisses si doucement, sans à-coups. L'eau contre ta proue qui ronronne comme un chat, et le vent qui nous fait taire. Le fleuve est si étroit ici : on dirait qu'on coupe à travers la forêt, qu'on fend les arbres pour passer. Le même vent qui nous pousse fait bruire les feuilles. Cela fait si longtemps que je n'ai pas entendu le vent dans les arbres, senti les odeurs de la terre. C'est comme si j'étais dans un rêve argenté sur un vaisseau magique."