Rodney Garland

Ce livre est la traduction d'un texte qui avait connu un certain succès après sa parution en Angleterre en 1953. Il me semble d'une qualité supérieure à celle d'autres romans « homosexuels » de cette époque et le plaisir que j'ai pris à sa lecture n'a pas seulement procédé d'une curiosité pour un témoignage historique.



On voit d'abord ici un vrai récit, à tonalité policière, dans lequel le personnage principal, Tony Page, un jeune psychiatre, cherche à expliquer le suicide de son ami (et ancien amant), le juriste Julian Leclerc.



Autre point positif, l'histoire possède une dimension sociologique importante et offre un tableau intéressant de l'homosexualité dans les milieux aisés de l'Angleterre de cette époque. L'enquête menée par Tony Page l'amène à reprendre contact avec différentes sphères du monde homosexuel londonien, dont on saisit les lieux de convivialité, le rapport contrasté à la visibilité et le goût pour une virilité populaire supposée (des choses globalement connues, mais qui enrichissent un récit avec lequel elles sont bien articulées).



Nourris par ces éléments sociologiques et par la psychologie réelle qui leur est donnée, les personnages ont une certaine profondeur. On s'attache aussi (moi en tous cas) à l'attention que Tony finit par donner à Terry, l'employé chargé de son appartement. Selon la préface de Jacques de Ricaumont, cet élément du récit aurait été jugé « trop sentimental », mais cet excès ne m'a vraiment pas frappé.