À cette époque de colonisation, se retrouver à l’auberge pour y boire et discuter était presque l’unique passe-temps pour les hommes. Ils échappaient ainsi, pour un temps, à du travail souvent fastidieux. Cette évasion dans l’alcool se faisait au grand dam des pasteurs qui veillaient au maintien des bonnes mœurs. Ils condamnaient avec véhémence cette entorse à la morale dans chacun de leurs sermons, opposant la menace du châtiment éternel aux plaisirs éphémères.
John Hodgkin était un homme méfiant. Même sous l’effet de l’alcool, dont il avait l’accoutumance, il aimait scruter une affaire dans ses moindres détails plutôt que de sauter aux conclusions. De la même façon, il observait les gens de ses petits yeux noirs et brillants, pour sonder leurs intentions. Son long nez lui donnait l’air d’une souris. Les mauvaises langues disaient d’un rat. Il avait la même carrure que Connors, sauf que l’autre le dépassait facilement d’une tête. Sur la sienne s’aplatissaient des cheveux poivre et sel, auxquels un minimum d’hygiène aurait fait le plus grand bien.
Hé, les gars, on devrait s’amuser un peu. On devrait faire comme on le faisait avec les singes, à la fête foraine, lorsqu’on tapait sur les cages avec des bâtons.
On ne passe pas d’une squaw à moi de cette façon! Il y a des limites à ce que je peux endurer. Mes devoirs d’épouse se limiteront dorénavant à l’essentiel
On ne quitte toutefois pas aussi facilement un mode de vie qui vous colle à la peau.