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Citation de Mpelletier


C'est le 2 septembre 1939 que l'Amérique fut de nouveau éclaboussée par une Europe qui venait de se replonger dans le sang.

Hitler avait envahi la Pologne au nez de la France et de l'Angleterre qui décrétaient la mobilisation générale. Un long règne de barbarie et de mort commençait.

Sous les soudaineté de ce choc depuis longtemps prévu, l'Amérique s'était tapie derrière ses océans. Mais ce peuple de spectateurs, de sportifs, de reporters et de champions, aguiché par l'essaim vrombissant des nouvelles sensationnelles qui s'abattaient sur lui, reprenait vite sa place dans l'estrade. Quelle série mondiale! Quel beau match! Battrait-on les records de la première Grande Guerre? On pouvaient sans crainte allumer son cigare, manger son hot-dog, l'Atlantique et l'ombre de Monroe veillaient. Babbitt se réjouissait tellement de sa sécurité, qu'il n'apercevait pas le grand Roosevelt qui tâtait l'arène d'un pied discret.

Les Canadiens étaient plus nerveux, la tradition et les intérêts économiques du pays voulant qu'ils fussent les substituts des équipes en lice. En face de cet état d'urgence ou chacune des neuf provinces devait céder plusieurs de ses droits au gouvernement fédéral afin de consolider l'unité nationale, les différentes factions provincialistes du pays bilingue qu'est le nôtre, étaient en proie aux derniers spasmes qui leur fussent encore permis. Les ultra-impérialistes de l'Ontario réclamaient la participation à outrance, et les séparatistes québécois vociféraient leur refus total d'endosser l'uniforme des Alliés.

Le 4 septembre au matin, le Premier Ministre annonçait que le Canada déclarait la guerre à l'Allemagne.

Québec était en fièvre. C'était le lundi de la Fête du Travail. Il faisait un fort vent que réchauffait un soleil ardent. L'air bourdonnait de rumeurs angoissées. L'Athenia avait été coulée la nuit précédente, l'Allemagne martyrisait la Pologne et les Québecois se rendaient à la foire de l'Exposition Provinciale pour oublier leurs soucis dans le brouhaha des crieurs de cirque, des trompettes, des courses de chevaux et dans l'odeur des patates frites. Cette foule-là, impressionnée par le geste du Premier Ministre, était presque fière d'appartenir à un pays brave. La ligne Maginot protégeait la France (qui avait la malchance d'être l'alliée de l'Angleterre), et le parti libéral avait promis qu'il n'y aurait pas de conscription. Et tournez, petits chevaux de bois! On pouvait s'amuser tranquillement
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