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Citation de SZRAMOWO


À BÉATRICE APPIA
Rome, ler janvier 1937
Chère amie, J'ai fait deux lectures du manuscrit d'Étrangères. Avec quelle émotion, vous le devinez. Devant certaines de ces pages qui sont, pour moi, parmi les plus belles que Dabit ait écrites, c'est le désespoir qui m'étreint, le désespoir de cette mort accidentelle, lorsqu'il avait une si grande œuvre à finir. C'est à peine un roman. Peut-être a-t-il cru, en donnant à ce récit la forme d'un journal, adopter un mode de fiction, écrire le journal d'un personnage. Mais, en réalité, c'est son propre journal; ou, du moins, c'est, sur le canevas fictif d'événements transposés, le ton, les sentiments, l'expression même de son être le plus intime. Tout est d'une criante ressemblance, et la perspicacité de cette auto-introspection va souvent très avant. Ce n'est pas à vous que j'apprendrai quelque chose là- dessus, n'est-ce pas ? C'est ce qui fait que, pour moi, ce livre lent, lourd, au départ difficile, au contour incertain, ce livre inachevé et comme tronqué, est cependant, de toute l'œuvre laissée par Dabit, celui qui me touche le plus. De beaucoup! Mais je me demande ce que sera la réaction du public, du lecteur. Dans quelle mesure l'immense intérêt de ces pages touffues peut-il être sensible à d'autres qu'à des amis de Dabit, ou à des écrivains ?
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