AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Roland Le Mollé (3)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Pontormo : Portrait d'un peintre à Florence a..

Dans ce magnifique ouvrage Giambattista Naldini, élève de celui qui disait "je ne m'appelle pas Pontormo" prend la plume pour nous conter la vie de celui qui fut son maître. Pontormo, ou plutôt Jacopo Carucci dont il dira "Il m'a accueilli avec un lent sourire triste", peut parce que Pontormo lui avouera "La mort est entrée dans ma vie".

Ce peintre qui vécu parmi des florentins qui durent se croire "coupables des fautes que nous n'avons pas commises" et se dire "On va finir avec la nuit".

Un peintre tourmenté "Sa colère passée, il se réveille triste", qui prenait soin de noter dans son diario "L'inventaire de l'insignifiant", "Ce rien à travers les jours qui passent", tant ces écrits sont parfois parfois sans intérêt, jusqu'à éveiller les craintes de ses élèves...

Car, en regardant bien "Il se peint en train de se défaire" et en se défaisant de lui-même "Ainsi a-t-il fini par se peindre lui-même" et il a raison quand il clamera à qui veut bien l'entendre et le comprendre "Je peins ce qui n'existe déjà plus"

De l'entendre se dire "J'ai une folie qui me ronge et me détruit" et "je dois m'en souvenir toute ma vie"

Ses élèves qui finirent par y voir "La rumeur des souffrances muettes", par y déceler un homme "Effrayé de ce qu'il venait de peindre", un artiste lucide qui

Et sur "la ligne de partage de la nuit", "Une dernière fois avant la montée de l'ombre" comme s' "Il s'était réconcilié avec la lune"... Et sur "Les murailles de son imagination hallucinée",

le lecteur reprendra la parole pour se dire "Il dit autre chose que ce que dit le tableau" et "Qu'y a-t-il au-delà de la perfection ?" car finalement c'est bien cela que nous transmet ce livre.



Dominique Fernandez, écrivait dans son livre "l'art de raconter" au sujet de son roman "la course à l'abîme"

"Ma seule tâche d’« historien » a été de rassembler tout ce qui était prouvé par les documents, car imaginer ne signifie pas imaginer n’importe quoi, mentir ne consiste pas à tomber dans le gratuit et l’arbitraire. Les documents d’archives sont nécessaires, ils donnent le cadre et le milieu, ils évitent de déraper dans l’anachronisme ou la contre-vérité manifeste, ils servent de garde-fou à l’imagination, mais ne jouent pas d’autre rôle que celui-là : comme la rambarde posée au bord de la terrasse, qui permet au spectateur de contempler le panorama."



Pour mémoire "La course à l'abîme" est la somptueuse biographie imaginaire et romancée du peintre Caravage. Et, l'auteur d'ajouter vais-je me limiter à ce que me disent sur Caravage les documents d’archives exhumés par les historiens ? Non, pour les raisons suivantes, qui sont si évidentes que personne ne les a jamais clairement énoncées. Tout fouilleur d’archives, tout historien, tout biographe manque trois moments essentiels de toute vie. D’abord l’enfance et l’adolescence, où le destin d’un homme ou d’une femme se joue, sans qu’il y ait de témoins pour en relater les épisodes, puisque l’enfant est toujours obscur, toujours anonyme, et qu’il faut que cet homme ou cette femme ait déjà atteint un degré suffisant de notoriété pour qu’on songe à noter ses faits et gestes.

Le second moment est l'amour ”Ensuite, l’amour. Qui cet homme a-t-il aimé ? Et comment ?”

et le troisième la mort ”Enfin, la mort. Comment meurt-on ? Comment vit-on sa mort ? ”.



Et bien ce sont les mêmes ressorts qui sont à l'œuvre dans ce "Pontormo, Portrait d'un peintre à Florence au XVIe siècle" de Roland Le Mollé, et avec la même réussite...



Marguerite Yourcenar, disait dans la note ajoutée aux Mémoires d’Hadrien : « Un pied dans l’érudition, l’autre dans la magie, ou plus exactement, et sans métaphore, dans cette magie sympathique qui consiste à se transporter en pensée à l’intérieur de quelqu’un. »



C'est ce qu'a réalisé avec maestria Roland Le Mollé, avec Pontormo. Tels les derniers mots de ce roman, chaque époque aura ses peintres maudits.

Ce fut le cas de Pontormo lui qui a peint les fresques, aujourd'hui disparues, de l'église San Lorenzo. Fresques du jugement dernier comparées et inspirées par celles de Michel-Ange.

Lui dont l'Annonciation de l'église Santa Félicita à Florence, ne ressemble à aucune autre, lui dont les deux "visitation" sont à la fois différentes et très similaires. L'une très classique (église Santissima Annunziata de Florence), l'autre qui soulève bien des questions (église paroissiale de Carmignano) certains y voyant les mêmes femmes...

Son œuvre, peu abondante, est multiple et riche infiniment A chaque relecture on découvre toujours quelque chose d'autre dans ses tableaux qui nous suit longtemps et nous devrions le découvrir ou le redécouvrir.



Aujourd'hui Pontormo n'est toujours pas réhabilité.



Déjà à l'époque, Vasari dans ses Vite (Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes) était loin d'être tendre avec lui :

"Je lui reprocherai encore de le n'avoir observé ni ordre, ni règle, ni mesure ; de n'avoir varié ni ses têtes ni sa couleur, et de n'avoir tenu aucun compte de la perspective. En un mot, le dessin, le coloris et l'ajustement de ses figures offrent un aspect si triste, que, malgré mon titre de peintre, je déclare n'y rien comprendre et laisser chacun libre d'en penser ce que bon lui semblera.[...]En somme, loin de se montrer dans ce travail supérieur aux autres artistes, il resta inférieur à lui-même, ce qui prouve qu'en voulant forcer la nature on aboutit à se priver des qualités que l'on devait à sa libéralité. Mais Jacopo n'a-t-il pas droit à notre indulgence ? Les artistes ne sont-ils pas exposés à se tromper de même que les autres hommes ?"



Mais heureusement cet ouvrage y contribue largement car au gré de la lecture on ne peut s'empêcher une digression pour aller voir le tableau, la fresque dont il est question. Et d'un seul coup, voilà que l'on se prend à en vouloir plus, à vouloir en voir plus, à vouloir en apprendre plus,

Roland Le Mollé le dit lui même, en fin d'ouvrage :

" Ceci n'est pas un roman. Juste un portrait. Allons un peu plus loin : une vie reconstituée. Reconstituer une vie ! L'expression peut choquer, tout autant que le projet. Et pourtant que savons-nous d'une vie en dehors des quelques temps forts qui la scandent de loin en loin : naissance, amours, métier, mort ? Ce sont là les seuls grands moments que nous livre l'histoire. Mais le quotidien, la petite vie de tous les jours, les petites misères et les petites joies, les désirs et les déceptions, et les rêves... tout cela échappe au découpage chronologique, à la biographie selon la norme. Alors que c'est justement cet ensemble de petites choses qui façonne l'homme, le modifie et le fait devenir ce qu'il est.

On sait fort peu de chose de la vie de Pontormo. Toutefois ce n'est pas la quête de l'information à tout prix qui a guidé mon approche, mais la vérité du personnage. J'ai essentiellement recherché la vraisemblance car c'est bien à travers la vraisemblance des situations que l'on trouve la vérité de l'homme. Alors, plutôt que de m'enquérir d'un vrai qui nous échappe, il m'a plu de reconstituer son existence à partir du vraisemblable et d'imaginer des situations qui révèlent l'originalité de l'artiste. J'ai essayé de me transporter à l'intérieur de Pontormo, de recomposer la personnalité mais aussi l'intimité de l'homme à travers les éléments épars de son existence. Seul l'imaginaire peut nous procurer ce pouvoir de recréation à partir des éléments du réel. Il est la seule reconquête possible d'un réel qui toujours se dérobe. Ainsi, je suis allé explorer les zones crépusculaires de sa conscience les ombres de sa vie, les éclats du génie, ce que nous révèlent ses très rares écrits, davantage ses fresques et tableaux, et les quelques témoignages de ses quelques amis. Le portrait se reconstitue peu à peu de cette interaction entre réel et imaginaire."



Ses fresques auront été la dernière trace d'une vie, les stigmates d'une trop grande difficulté à vivre, elles sont ce qu'il reste du passage douloureux d'un homme chez les hommes. La bêtise de certains a voulu abolir les vestiges de ce passage. On ne pardonne pas plus aux prophètes en leur temps et en leur pays qu'on ne pardonne aux visionnaires.

Ils nous font trop sentir, sans le vouloir, ce que nous sommes.



Pontormo nous a laissé son diario dans lequel l'auteur a puisé sa matière, les pigments pour dresser le portrait du peintre,

de son époque où l'on croise les Médicis, Savonarole,

De Florence, et son prestige perdu, Florence et la peste, Florence qui un temps regarde ses génies partir pour Rome, et qui sous l'impulsion de Cosme de Médicis renaîtra tel le phénix

Des autres de ses confrères, maîtres, concurrents ou acolytes De Vinci, Piero di Cosimo, Andrea del Sarto,



Qui se souvient de Pontormo ? Qui connaît seulement le nom de Pontormo ? Il est allé trop loin, trop vite, trop tôt. Je ne serais pas étonné qu'il nous devance encore. Alors, qu'on nous pardonne si, à travers ces pages, nous avons essayé de nous rapprocher de lui.

En refermant ce livre on se souviendra de Pontormo, on connaîtra son nom, et on se sera rapproché de lui...

Et rien que pour cela, on peut dire que Roland Le Mollé lui rend un somptueux hommage, tout en nous le rendant familier au fil des pages



J'ai commencé ce billet par les mots de Dominique Fernandez, il en sera de même pour la conclusion :

"Le romancier peut vivre autant de vies imaginaires qu’il le veut, tel est le secret de l’art romanesque. Le lecteur, de son côté, en s’identifiant au héros, accomplit le même travail de dédoublement, de libération de soi-même par le dédoublement. Le roman est l’art qui permet à chacun, auteur ou lecteur, d’échapper à sa vie, aux limites de sa propre vie. Tout homme, toute femme souffre de n’avoir qu’une vie, une identité, un pays, une langue, un sexe, une carrière. Le romancier est celui qui, étant plus sensible à cette souffrance, met en œuvre le moyen d’y remédier, pour lui et pour ses lecteurs."



Et finalement si l'œuvre de Pontormo, et si l'art n'était pas comme dans une autre partie de son tableau "Joseph en Égypte", un escalier sans rampe qui tourne en se vissant dans le vide et donne une sensation de vertige. Un escalier comme on en voit seulement dans les rêves. Mais un escalier qui nous élève vers une quête sans fin....



nb : ceux qui liront le livre comprendront l'Incipit de ce billet....
Commenter  J’apprécie          200
Pontormo : portrait d’un peintre à Florence a..

Dans ce magnifique ouvrage Giambattista Naldini, élève de celui qui disait "je ne m'appelle pas Pontormo" prend la plume pour nous conter la vie de celui qui fut son maître. Pontormo, ou plutôt Jacopo Carucci dont il dira "Il m'a accueilli avec un lent sourire triste", peut parce que Pontormo lui avouera "La mort est entrée dans ma vie".

Ce peintre qui vécu parmi des florentins qui durent se croire "coupables des fautes que nous n'avons pas commises" et se dire "On va finir avec la nuit".

Un peintre tourmenté "Sa colère passée, il se réveille triste", qui prenait soin de noter dans son diario "L'inventaire de l'insignifiant", "Ce rien à travers les jours qui passent", tant ces écrits sont parfois parfois sans intérêt, jusqu'à éveiller les craintes de ses élèves...

Car, en regardant bien "Il se peint en train de se défaire" et en se défaisant de lui-même "Ainsi a-t-il fini par se peindre lui-même" et il a raison quand il clamera à qui veut bien l'entendre et le comprendre "Je peins ce qui n'existe déjà plus"

De l'entendre se dire "J'ai une folie qui me ronge et me détruit" et "je dois m'en souvenir toute ma vie"

Ses élèves qui finirent par y voir "La rumeur des souffrances muettes", par y déceler un homme "Effrayé de ce qu'il venait de peindre", un artiste lucide qui

Et sur "la ligne de partage de la nuit", "Une dernière fois avant la montée de l'ombre" comme s' "Il s'était réconcilié avec la lune"... Et sur "Les murailles de son imagination hallucinée",

le lecteur reprendra la parole pour se dire "Il dit autre chose que ce que dit le tableau" et "Qu'y a-t-il au-delà de la perfection ?" car finalement c'est bien cela que nous transmet ce livre.



Dominique Fernandez, écrivait dans son livre "l'art de raconter" au sujet de son roman "la course à l'abîme"

"Ma seule tâche d’« historien » a été de rassembler tout ce qui était prouvé par les documents, car imaginer ne signifie pas imaginer n’importe quoi, mentir ne consiste pas à tomber dans le gratuit et l’arbitraire. Les documents d’archives sont nécessaires, ils donnent le cadre et le milieu, ils évitent de déraper dans l’anachronisme ou la contre-vérité manifeste, ils servent de garde-fou à l’imagination, mais ne jouent pas d’autre rôle que celui-là : comme la rambarde posée au bord de la terrasse, qui permet au spectateur de contempler le panorama."



Pour mémoire "La course à l'abîme" est la somptueuse biographie imaginaire et romancée du peintre Caravage. Et, l'auteur d'ajouter vais-je me limiter à ce que me disent sur Caravage les documents d’archives exhumés par les historiens ? Non, pour les raisons suivantes, qui sont si évidentes que personne ne les a jamais clairement énoncées. Tout fouilleur d’archives, tout historien, tout biographe manque trois moments essentiels de toute vie. D’abord l’enfance et l’adolescence, où le destin d’un homme ou d’une femme se joue, sans qu’il y ait de témoins pour en relater les épisodes, puisque l’enfant est toujours obscur, toujours anonyme, et qu’il faut que cet homme ou cette femme ait déjà atteint un degré suffisant de notoriété pour qu’on songe à noter ses faits et gestes. [...]

Le second moment est l'amour ”Ensuite, l’amour. Qui cet homme a-t-il aimé ? Et comment ?”

et le troisième la mort ”Enfin, la mort. Comment meurt-on ? Comment vit-on sa mort ? ”.



Et bien ce sont les mêmes ressorts qui sont à l'œuvre dans ce "Pontormo, Portrait d'un peintre à Florence au XVIe siècle" de Roland Le Mollé, et avec la même réussite...



Marguerite Yourcenar, disait dans la note ajoutée aux Mémoires d’Hadrien : « Un pied dans l’érudition, l’autre dans la magie, ou plus exactement, et sans métaphore, dans cette magie sympathique qui consiste à se transporter en pensée à l’intérieur de quelqu’un. »



C'est ce qu'a réalisé avec maestria Roland Le Mollé, avec Pontormo. Tels les derniers mots de ce roman, chaque époque aura ses peintres maudits.

Ce fut le cas de Pontormo lui qui a peint les fresques, aujourd'hui disparues, de l'église San Lorenzo. Fresques du jugement dernier comparées et inspirées par celles de Michel-Ange.

Lui dont l'Annonciation de l'église Santa Félicita à Florence, ne ressemble à aucune autre, lui dont les deux "visitation" sont à la fois différentes et très similaires. L'une très classique (église Santissima Annunziata de Florence), l'autre qui soulève bien des questions (église paroissiale de Carmignano) certains y voyant les mêmes femmes...

Son œuvre, peu abondante, est multiple et riche infiniment A chaque relecture on découvre toujours quelque chose d'autre dans ses tableaux qui nous suit longtemps et nous devrions le découvrir ou le redécouvrir.



Aujourd'hui Pontormo n'est toujours pas réhabilité.



Déjà à l'époque, Vasari dans ses Vite (Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes) était loin d'être tendre avec lui :

"Je lui reprocherai encore de le n'avoir observé ni ordre, ni règle, ni mesure ; de n'avoir varié ni ses têtes ni sa couleur, et de n'avoir tenu aucun compte de la perspective. En un mot, le dessin, le coloris et l'ajustement de ses figures offrent un aspect si triste, que, malgré mon titre de peintre, je déclare n'y rien comprendre et laisser chacun libre d'en penser ce que bon lui semblera.[...]En somme, loin de se montrer dans ce travail supérieur aux autres artistes, il resta inférieur à lui-même, ce qui prouve qu'en voulant forcer la nature on aboutit à se priver des qualités que l'on devait à sa libéralité. Mais Jacopo n'a-t-il pas droit à notre indulgence ? Les artistes ne sont-ils pas exposés à se tromper de même que les autres hommes ?"



Mais heureusement cet ouvrage y contribue largement car au gré de la lecture on ne peut s'empêcher une digression pour aller voir le tableau, la fresque dont il est question. Et d'un seul coup, voilà que l'on se prend à en vouloir plus, à vouloir en voir plus, à vouloir en apprendre plus,

Roland Le Mollé le dit lui même, en fin d'ouvrage :

" Ceci n'est pas un roman. Juste un portrait. Allons un peu plus loin : une vie reconstituée. Reconstituer une vie ! L'expression peut choquer, tout autant que le projet. Et pourtant que savons-nous d'une vie en dehors des quelques temps forts qui la scandent de loin en loin : naissance, amours, métier, mort ? Ce sont là les seuls grands moments que nous livre l'histoire. Mais le quotidien, la petite vie de tous les jours, les petites misères et les petites joies, les désirs et les déceptions, et les rêves... tout cela échappe au découpage chronologique, à la biographie selon la norme. Alors que c'est justement cet ensemble de petites choses qui façonne l'homme, le modifie et le fait devenir ce qu'il est.

On sait fort peu de chose de la vie de Pontormo. Toutefois ce n'est pas la quête de l'information à tout prix qui a guidé mon approche, mais la vérité du personnage. J'ai essentiellement recherché la vraisemblance car c'est bien à travers la vraisemblance des situations que l'on trouve la vérité de l'homme. Alors, plutôt que de m'enquérir d'un vrai qui nous échappe, il m'a plu de reconstituer son existence à partir du vraisemblable et d'imaginer des situations qui révèlent l'originalité de l'artiste. J'ai essayé de me transporter à l'intérieur de Pontormo, de recomposer la personnalité mais aussi l'intimité de l'homme à travers les éléments épars de son existence. Seul l'imaginaire peut nous procurer ce pouvoir de recréation à partir des éléments du réel. Il est la seule reconquête possible d'un réel qui toujours se dérobe. Ainsi, je suis allé explorer les zones crépusculaires de sa conscience les ombres de sa vie, les éclats du génie, ce que nous révèlent ses très rares écrits, davantage ses fresques et tableaux, et les quelques témoignages de ses quelques amis. Le portrait se reconstitue peu à peu de cette interaction entre réel et imaginaire."



Ses fresques auront été la dernière trace d'une vie, les stigmates d'une trop grande difficulté à vivre, elles sont ce qu'il reste du passage douloureux d'un homme chez les hommes. La bêtise de certains a voulu abolir les vestiges de ce passage. On ne pardonne pas plus aux prophètes en leur temps et en leur pays qu'on ne pardonne aux visionnaires.

Ils nous font trop sentir, sans le vouloir, ce que nous sommes.



Pontormo nous a laissé son diario dans lequel l'auteur a puisé sa matière, les pigments pour dresser le portrait du peintre,

de son époque où l'on croise les Médicis, Savonarole,

De Florence, et son prestige perdu, Florence et la peste, Florence qui un temps regarde ses génies partir pour Rome, et qui sous l'impulsion de Cosme de Médicis renaîtra tel le phénix

Des autres de ses confrères, maîtres, concurrents ou acolytes De Vinci, Piero di Cosimo, Andrea del Sarto,



Qui se souvient de Pontormo ? Qui connaît seulement le nom de Pontormo ? Il est allé trop loin, trop vite, trop tôt. Je ne serais pas étonné qu'il nous devance encore. Alors, qu'on nous pardonne si, à travers ces pages, nous avons essayé de nous rapprocher de lui.

En refermant ce livre on se souviendra de Pontormo, on connaîtra son nom, et on se sera rapproché de lui...

Et rien que pour cela, on peut dire que Roland Le Mollé lui rend un somptueux hommage, tout en nous le rendant familier au fil des pages



J'ai commencé ce billet par les mots de Dominique Fernandez, il en sera de même pour la conclusion :

"Le romancier peut vivre autant de vies imaginaires qu’il le veut, tel est le secret de l’art romanesque. Le lecteur, de son côté, en s’identifiant au héros, accomplit le même travail de dédoublement, de libération de soi-même par le dédoublement. Le roman est l’art qui permet à chacun, auteur ou lecteur, d’échapper à sa vie, aux limites de sa propre vie. Tout homme, toute femme souffre de n’avoir qu’une vie, une identité, un pays, une langue, un sexe, une carrière. Le romancier est celui qui, étant plus sensible à cette souffrance, met en œuvre le moyen d’y remédier, pour lui et pour ses lecteurs."



Et finalement si l'œuvre de Pontormo, et si l'art n'était pas comme dans une autre partie de son tableau "Joseph en Égypte", un escalier sans rampe qui tourne en se vissant dans le vide et donne une sensation de vertige. Un escalier comme on en voit seulement dans les rêves. Mais un escalier qui nous élève vers une quête sans fin....



nb : ceux qui liront le livre comprendront l'Incipit de ce billet....
Commenter  J’apprécie          1610
Pontormo : portrait d’un peintre à Florence a..







Ce livre est la biographie/portrait du peintre Pontormo. Roland Mollé nous parle de ce grand peintre de la renaissance italienne qui exerçait à Florence au XVIème siècle. Il nous parle de l'homme et du peintre admirateur du grand Michel Ange. Dans cette florence on croise aussi des personnages biens connus tels que Bronzino ou Vasari. Cette époque regorge de talent et de beauté. ce livre nous invite à nous plonger sur celle créée par le peintre Pontormo, un des plus talentueux de sa génération. On le découvre torturé, colérique mais aussi généreux et amoureux de son art. C'est un plaisir de passer ces pages avec lui. J'ai apprécié l'insert de reproduction d'œuvres du peintre qui permettent de lire tout en les admirant.
Commenter  J’apprécie          30


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Roland Le Mollé (14)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres d’André Franquin ?

Gaston Lagaffe : Le ... des gaffeurs ?

Gang
Groupe
Clan

10 questions
20 lecteurs ont répondu
Thème : André FranquinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}