Pourquoi lire Franquin aujourd'hui
Bien sûr, il existe de nombreux auteurs et dessinateurs de bandes dessinées franco-belges qu'il faudrait saluer. Bien sûr, ce sont les oeuvres de dizaines de ces auteurs qui ont permis à cette immense production culturelle de s'imposer à travers le monde et de connaître un âge d'or particulièrement fécond de la fin de la Seconde Guerre mondiale à la fin des années 1970. Bien sûr, on sait tout cela ; mais on sait aussi que si nous devions, l'espace d'un instant ou d'un portrait, incarner en une seule personne la BD franco-belge, c'est
André Franquin que nous choisirions.
Il a été lu, beaucoup, et a été aimé par une telle ribambelle de lecteurs qui sont devenus auteurs à leur tour qu'il ferait presque une école à lui tout seul, “‘l'école Franquin”, dans laquelle auraient été enseignés tous les germes de la bande dessinée telle qu'on la lit aujourd'hui.
André Franquin est né le 3 janvier 1924 dans le quartier d'Etterbeek à Bruxelles. Son père est sérieux comme un pape, ou plutôt un banquier, et les premières années ne permettent pas au jeune André de rire souvent. Ses perspectives ne l'amusent pas non plus, son père le destinant à une carrière d'ingénieur agronome quand lui se verrait déjà dessinateur.
Son goût pour le dessin, Franquin le développe très tôt, à cinq ans exactement, quand il trace à la craie, sur un tableau noir, un dessin que son père juge si beau qu'il décide de le faire immortaliser par un photographe professionnel.

A 11 ans, alors qu'il n'a cessé de dessiner dans son coin, il envoie, à l'occasion d'un concours, un dessin au quotidien La Nation Belge, le journal lu par ses parents. Il est publié le 4 août 1935. Pour le jeune André, qui lit avec avidité les hebdomadaires de bandes dessinées tels que Mickey ou Hop-là !, il ne fait aucun doute qu'il sera un jour dessinateur, même si son père a une autre idée de son avenir. Pour se détourner de la trajectoire dessinée par ce dernier, il lui faut le soutien de sa mère qui est d'accord pour l'inscrire à l'école Saint-Luc de Bruxelles, une école supérieure des arts dont il se lasse cependant rapidement.

Il y apprend de nombreuses techniques de dessins mais le caractère religieux de l'enseignement l'ennuie. Il n'a cependant pas le loisir de s'y embêter longtemps. En 1944, l'école est fermée suite aux nombreux bombardements dont Bruxelles est victime. Il rentre alors dans l'atelier de dessin animé CBA par l'entremise du dessinateur
Eddy Paape, un ancien élève de l'Institut Saint-Luc de Bruxelles qui fut impressionné par les travaux de Franquin. Dans ce petit studio où il travaille comme animateur, Franquin fait la connaissance de
Peyo et de
Morris. L'expérience est de courte durée puisque le studio ferme ses portes dès que la Belgique est libérée par l'armée américaine, ce petit studio ne pouvant rivaliser avec les productions américaines de nouveaux autorisées à diffuser leurs dessins animés. Franquin réalise alors quelques planches pour le magazine Le Moustique ou la revue des scouts catholiques Plein-Jeu avant de se faire embaucher en compagnie des autres dessinateurs
Willet
Morris au sein du magazine Le Journal de Spirou.
Chez Spirou, Franquin récupère la série phare éponyme des mains de Joseph Gillain dit
Jijé qui s'occupait alors de la quasi totalité des séries créées pour le magazine après que
Rob-Vel, le créateur du personnage de Spirou, eut vendu aux éditions Dupuis les droits sur le célèbre groom.
A l'arrivée simultanée de Franquin,
Will et
Morris, Jijé forme en effet un atelier chez lui où le quatuor se réunit pour travailler, Jijé donnant volontiers ses conseils et aidant ses "élèves" à trouver leur trait. Après avoir réalisé "Spirou et son tank" en 1946, en fait un test pour savoir si Franquin, encore jeune et largement inexpérimenté, était en mesure de s'occuper seul des histoires du groom, le dessinateur belge prend véritablement, et pour 23 ans, le contrôle des aventure de Spirou et de Fantasio.
Après un long voyage aux Etats-Unis puis au Mexique en compagnie de Jijé, d’Annie, la femme de ce dernier et de Morris, Franquin retourne s'installer à Bruxelles en 1950. Il y épouse Liliane Servais et continue de créer de nouvelles aventures à un groom de plus en plus populaire à travers l'Europe, aidé de temps en temps par quelques scénaristes comme
Henri Gillain, le frère de Jijé, qui l'aide à créer le village de Champignac et le personnage du comte.
Maurice Rosy lui fournit quant à lui un premier scénario pour Le Dictateur et le Champignon. Les scénarios sont désormais bien plus complexes que chez Rob-Vel et Jijé, Franquin proposant de longues et parfois dangereuses aventures à ses héros. S'il n'est pas le créateur de Spirou ni de Fantasio, il leur donne une véritable identité.

Avec son succès grandissant et celui de ses collègues dessinateurs (
Morris avec Lucky Luke,
Hergé avec Tintin,
René Goscinny et
Albert Uderzo avec Astérix ou encore
Peyo avec les Schtroumpfs), c’est toute une industrie culturelle de la bande dessinée, géographiquement située en France et en Belgique, qui connait un succès sans précédent. Les bandes dessinées issues de ce “mouvement” partagent certains points communs : ils sont avant tout destinés à la jeunesse, il sont en couleur, et proposent un format standard de pages en moyenne. Enfin, s’il on parle de BD franco-belge c’est parce que les auteurs et éditeurs sont issus de l’un ou l’autre de ces pays, et la langue empoyée est invariablement le français.
Au sein de cette riche production, deux écoles s’affrontent pourtant. Franquin et plus généralement le Journal de Spirou représentent l’”école Marcinelle” qui défend l’humour pur et un style graphique proche de la caricature, à l’opposé de la ligne claire et la lisibilité des dessins de Hergé, qui représente quant à lui, avec son Journal de Tintin, l’école dite de Bruxelles.
Coup de théâtre en 1955 cependant, quand Franquin démissionne du magazine Spirou du fait du non respect d'un contrat par Dupuis et signe immédiatement chez le grand rival du magazine, Le journal de Tintin qui appartient aux éditions du Lombard. Il leur propose Modeste et Pompon, une série qui met en scène des histoires en une seule et unique planche. Il n'en a pour autant pas tout à fait terminé avec Spirou.

Peu de temps après son coup d'éclat, Charles Dupuis vient en effet s'excuser auprès de Franquin qui enterre la hache de guerre. Il reprend alors Les aventures de Spirou tout en continuant -il a après tout signé un contrat de 5 ans- les histoires de Modeste et Pompon. La tâche étant rapidement insurmontable, de nombreux collaborateurs viennent l'aider à cosigner certains de ses scénarios. Dès 1957, c'est un véritable atelier constitué de nombreux talents que Franquin met en place afin de lui permettre de mener à bien ses nombreux travaux que sont Les aventures de Spirou et Fantasio, Modeste et Pompon mais aussi la chronique automobile de Spirou ou encore les gags d'un nouveau personnage du nom de Gaston Lagaffe, un employé paresseux du journal de Spirou qui passe le plus clair de son temps tenter de fuir son travail. Ce dernier apparaît dans les pages de Spirou en 1957.
C'est ainsi que
Jidéhem,
Jean Roba ou encore
Greg vont l'assister dans différentes tâches, que ce soit l'encrage, la réalisation de certains dessins ou l'élaboration de scénarios. Cette assistance de quelques jeunes talents ne signifie pas que Franquin se repose dans son coin, au contraire. Pour réussir les expressions de Gaston, il confie au magazine
BdParadisio qu'il réalise de très nombreux brouillons : " Chaque dessin, chaque attitude, je faisais des brouillons étonnants. C'est une bonne habitude d'un côté car, quand vous faites de la caricature, l'expression et le geste sont très importants. C'est la vie de vos personnages. Il faut que le personnage soit un très bon acteur [...] il faut qu'il soit très expressif, il faut qu'il ait des émotions très visibles. On est acteur en dessinant ça. Et finalement, on fait des croquis très rapides parfois mais j'en ai fait une quantité incroyable. Je crois que c'est unique. Je ne connais pas beaucoup de dessinateurs qui l'ont fait. Il faut de la patience mais je suis incroyablement patient (rires et re-rires)".

Certaines de ses planches sont considérées comme des chefs-d'oeuvre, le personnage de Gaston connait un succès public foudroyant mais cela n'empêche nullement un Franquin submergé de travail de tomber, dès le début des années 1960, en pleine dépression. Le dessinateur a l'impression de tourner en rond avec Spirou et Fantasio dont il ne possède pas les droits. La publication de QRN sur Bretzelburg, initiée en 1961, est ainsi des plus chaotiques : alors que Franquin voulait faire revenir son personnage de Zorglub, Dupuis y oppose son veto. Dès lors, de plus en plus las de mettre en scène des personnages qui ne semblent jamais lui appartenir vraiment, Franquin traîne à envoyer ses planches jusqu'à stopper net, fait rarissime, sa production de planches de janvier 1962 à mai 1963 même s'il continue à fournir les gags de Gaston qu'il ne peut tout à fait abandonner. Il faut faire attention cependant à ne pas faire de cet anti-héros un autoportrait de Franquin. "Mon père ne ressemblait pas tellement à Gaston Lagaffe" affirme ainsi sa fille qui, quelques années après sa mort, se remémore les piètres talents de bricoleur de son dessinateur de père. Il est toutefois certain que Franquin avait une affection toute particulière pour Gaston dont les ventes d'albums dépassaient d'ailleurs, d'après Franquin lui-même, les ventes des albums de Spirou.
Il abandonne définitivement les aventures de Spirou et Fantasio après une ultime histoire, Bravo les Brothers, qui se déroule, comme un clin d'oeil, dans l'univers de Gaston Lagaffe dont Franquin va désormais s'occuper à temps plein jusqu'au début des années 1990. S'il ne garde aucun droit sur les différents personnages de Spirou, il conserve en revanche les droits sur celui du Marsupilami, "sa" créature, très appréciée des lecteurs, même s'il faut attendre quelques années avant que Franquin ne lui fasse vivre de nouvelles aventures. A partir des années 1970, le dessinateur se lance dans différents projets et devient scénariste pour la série Isabelle aux côté du dessinateur
Will.
En 1977, il participe à l'aventure du Trombone illustré, un supplément corrosif au Journal de Spirou où de nombreux nouveaux talents viennent s'exprimer en s'adressant aux lecteurs avec un ton plus adulte, plus mature, parfois plus acide. C'est dans ce supplément que Franquin développe ses "Idées Noires", un travail en noir et blanc en rupture totale avec ses précédents dessins. Il y déploie un humour noir souvent macabre dans ce qui s'apparente volontiers à une critique féroce de la société de consommation des années 1970. Toutes ses cibles préférées, aperçues parfois chez Gaston, y passent : l'armée, les pollueurs, la religion, les chasseurs...

En 1987, alors qu'il pensait que les lecteurs avaient oublié le Marsupilami, il reprend ce dernier avec un immense succès commercial à la clef. Son étrange animal vit depuis de nouvelles aventures au sein de Marsu Productions. Cette nouvelle maison d'édition est détenue par Jean-François Moyersoen à qui Franquin a vendu les droits de ses personnages. En 1990, dernière production majeure de Franquin, il crée la série d'animation Les Tifous pour la télévision suisse. Cette série lui demande un travail conséquent d'animation -on parle de plusieurs milliers de dessins pour une durée de vie de la série pourtant très faible-, le poussant à mettre entre parenthèse la confections des gags de Gaston. C'est un dernier album du gaffeur, le numéro 15, qui clôt les parutions de Franquin en 1996.
Franquin meurt d'un infractus un an plus tard , le 5 janvier 1997, alors qu'il est âgé de 73 ans mais sa mort ne met nullement fin à sa légende. Très appréciée de tous, son oeuvre n'a de cesse d'être célébrée et rééditée depuis. Franquin pensait que le héros était Gaston et non l'auteur. Des milliers de fans lui donnent régulièrement tort.
Le saviez-vous ?
• Si l’oeuvre de Franquin a été traduite dans une vingtaine de pays, les albums de Gaston n’ont jamais été publiés au Royaume-Uni.
• En 1981, un film librement adapté des aventures loufoques de Lagaffe sort en salles, avec notamment au casting, Marie-Anne Chazel et Daniel Prévost. Si Franquin accepte que le film, intitulé Fais gaffe à la gaffe, reprenne certains de ses gags, il refuse en revanche que les noms de ses personnages soient utilisés. Gaston est ainsi renommé G. et M. De Mesmaeker, Mercantilos. Le film est un échec tant du point de vue commercial que critique.
• Un astéroïde découvert par l’astronome français Jean-Claude Merlin en 2000 porte le nom de "Marsupilami" en hommage à la créature de Franquin.
• Passionné de science et de technologie, Franquin collectionnait les Science & vie pour trouver l’inspiration quant à ses propres inventions et les rendre les plus réalistes possible.
• Le format inhabituel du premier album de Gaston surprend les libraires qui offrent leurs exemplaires aux clients, pensant qu’il s’agit d’un outil promotionnel et non d’un véritable album.
Chronologie
3 janvier 1924 : Naissance d’André Franquin dans le quartier d’Etterbeek à Bruxelles.
1943 : André Franquin est admis à l’école supérieure des arts Saint-Luc.
1944 : Franquin est recruté par Eddy Paape pour travailler au studio d’animation CBA en compagnie de Peyo et Morris.
1945 : Le dessinateur est embauché au Journal de Spirou où il rencontre Jijé. Il reprend la série éponyme.
1948 : Jijé, Franquin et Morris partent aux Etats Unis puis au Mexique.
1950 : Retour de Franquin en Belgique. Il épouse Liliane.
1952 : Apparition du Marsupilami au sein de l’aventure de Spirou et Fantasio Les héritiers.
1955 : Brouillé avec Dupuis, Franquin signe pour 5 ans aux éditions du Lombard qui publient le Journal de Tintin. Il y proposera la série Modeste et Pompon.
1956 : Franquin se réconcilie avec Dupuis. Il signera donc dans les deux revues pourtant concurrentes.
1957 : Apparition de Gaston dans les pages du Journal de Spirou.
1961 : Début de la dépression de Franquin qui suspend pendant plus d’un an le récit de QRM sur Bretzelburg dans les pages de Spirou. Il continue cependant de publier les gags de Gaston.
1968 : Franquin abandonne les aventures de Spirou et Fantasio qui seront désormais confiées à Jean Claude Fournier… mais garde les droits sur le Marsupilami, qu’il a créé.
1970 : Il rejoint ses amis Will et Yvan Delporte pour les aider à développer la série Isabelle.
1974 : Il reçoit le premier Grand prix d’Angoulême.
1977 : Création du “Trombone illustré”, supplément -éphémère- du Journal de Spirou. Cet espace de liberté permet à Franquin et à une multitude d’auteurs d’expérimenter de nouvelles choses, hors de la ligne éditoriale du Journal de Spirou. Franquin y développera notamment ses Idées Noires.
1980 : Franquin remporte le prix Adamson en Suède.
1987 : Publication du premier album entièrement consacré au Marsupilami. Franquin cède les droits du Marsupilami à son ami Jean-François Moyersoen qui fonde les éditions Marsu Productions.
1989 : Création de la série animée Les Tifous.
1991 : Il reçoit, en Belgique, la médaille de l'ordre de Léopold
1994 : Il reçoit, en Allemagne, le prestigieux prix Max et Moritz
Le 5 janvier 1997 : Décès de Franquin.
Inspirateurs et héritiers
Grand lecteur de bandes dessinées et de revues destinées à la jeunesse, Franquin a grandi en lisant et en recopiant les dessins de ses séries favorites telles que Pim, Pam et Poum ou Popeye. Il est également très influencé par les dessins animés de Walt Disney et de Tex Avery. On peut déjà percevoir dans les goûts du jeune André Franquin, son intérêt pour les gags bien ficelés. Elève, collègue et ami de Jijé au sein du journal de Spirou, il est très influencé par ce dernier qui lui transmet les aventures de Spirou.
Premier artiste à être récompensé pour son oeuvre par le "Grand Prix d'Angoulême", Franquin a eu une influence considérable sur ses collègues auteurs et dessinateurs contemporains. Beaucoup, comme
Gotlib, autre immense auteur, ont déclaré avoir appris à dessiner avec ses bandes dessinées. Il est ainsi caricaturé ou représenté dans de nombreuses oeuvres comme dans Lucky Luke de son ami
Morris, ou Pauvre Lampil de
Willy Lambil. Sa forte popularité a dépassé les frontières franco-belges.
Célébré dans de nombreux pays, le style Franquin a également largement été copié ou imité. Le célèbre dessinateur espagnol Francisco Ibáñez s’est ainsi très largement “inspiré” des aventures de Gaston pour créer les gags de ses propres bandes dessinées Mortadelo y filemon et El botones Sacarino, des aventures à leur tour couronnées de succès en Espagne puis en Europe.
A l’annonce de sa mort, la ville d’Angoulême, capitale européenne de la BD, a donné son nom à un centre culturel situé en plein coeur de la ville. La ville de Bruxelles a également érigé une statue représentant Gaston Lagaffe en 1996. Plus récemment, en 2012, le succès du film Sur la piste du Marsupilami d’Alain Chabat rappelle l’intérêt que le public porte à l’une de ses créatures plus de 60 ans après sa création par Franquin.
Ils ont dit de Franquin…
Hergé : « Quand je vois un Franquin, je me dis que c'est un grand artiste à côté duquel je ne suis qu'un piètre dessinateur. »
Albert Uderzo : « J'ai toujours considéré comme inconvenant de vendre plus d'albums d'Astérix que de Gaston. Je ne comprends pas le public. J'aurais sincèrement aimé avoir la maestria graphique d'André Franquin. »
Tibet : « Quand je me permet aujourd'hui de donner des conseils à de jeunes dessinateurs, je leur dis qu'il faut être directeur d'acteurs avant d'être dessinateur. Or, Franquin était probablement avec Hergé le plus grand directeur d'acteurs de la BD. Il faisait jouer ses personnages d'une manière prodigieuse. Y compris les second rôles. »
Joann Sfar: « Il a fait passer la bande dessinée classique belge, un peu enfantine, à une BD adulte et déconnante. Sans lui, il n'aurait jamais été possible que Fluide glacial ou d'autres titres irrévérencieux existent. »
Frank Margerin : « Pour moi, Franquin, c’est le « patron ». Il a inventé un style de BD, comme Hergé avec sa ligne claire, qui est très bien aussi. Franquin, toute l’Ecole belge est derrière lui. C’est le premier, c’est le boss. »
Morris : « Je suis convaincu que travailler à ses côtés a été beaucoup plus utile que 20 ans d’Académie. » Nicolas Vadot : « Un dessin extraordinaire de mouvement, de précision, très souvent copié, mais jamais égalé.»