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Citation de Charybde2


Mais moi, je me souviens des lumières de Kyriat-Chmona s’éloignant à l’horizon, cette nuit-là, les battements de cœur de toute la section, je te le jure, je les entends, la première fois qu’on gravit la crête. Le froid ne fait que se durcir. Et, à part nous, pas âme qui vive, et presque pas de village dans le secteur. Le convoi s’étire, l’épais brouillard l’avale, et l’on n’y voit pas à cent mètres. Les tanks se déploient pour nous couvrir. Pendant notre trajet, j’essaie de nous repérer à travers l’étroit sabord, détaille dans un murmure la carte des menaces, balance notre doctrine de combat en version abrégée. Je marmonne : « Interdit de parler. » D’où le coup va-t-il venir ? J’ai envie de crier au commandant qu’on s’éloigne trop de notre axe, mais je me mords les lèvres et me tais. À partir de ce moment, plus personne ne pourra me dire : « Tu n’as aucune idée de ce que c’est, le Liban. Attends d’y mettre un pied. » J’y suis, enfin, c’est l’essentiel. Une colonne interminable, une progression à pas de tortue – le Safari des vivres, le Safari des combattants, le Safari des essences, derrière eux le camion des munitions avec une grosse grue, un Abir avec le médecin et l’infirmier, encore deux Safari de combattants, le Hummer du commandant, le Hummer de l’adjoint, le Hummer des transmissions électroniques. Ochri me demande si j’ai apporté mes dessous fétiches. Ils sont sur moi, je lui fais signe, parce que notre sort dépend de mes caleçons, même si ça signifie trente-deux jours de crasse.
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