Rose-Anne Vicari

Un don ne se vend pas. Alors un don qui viendrait de Dieu encore moins. Malheureusement, dans un monde étouffé par un capitalisme écrasant, tout et n’importe quoi se vend de nos jours.

Tout et n’importe quoi.

Le don d’Enora n’est pas extraordinaire en soi. Elle a un sens de l’intuition, de l’écoute et d’empathie très développé. Elle connaît aussi le jeu de tarot de Marseille, suffisamment pour se lancer dans la divination, non par réelle passion, mais par besoin d’argent.

Pour vivre tout simplement comme nous tous.

Le souci, c’est que l’expérience d’Enora est une catastrophe parce que d’une part Enora est empreinte d’une très grande compassion, et d’autre part Enora a une conscience et est suffisamment honnête pour dire stop à un système d’arnaque qui au fond ne la concerne pas.

Abuser du plus faible, ce n’est pas son truc.

Enora est passée par les plates-formes téléphoniques jusqu'aux show-room du web et n’a plus supporté les rouages d’un système où mentir pour se faire un billet prévaut plus que dire la vérité.

À tel point, qu’Enora remet son don en question et préfère tout arrêter. Sage décision ?

Lorsque l’on a suffisamment de recul, il est facile de voir que la multitude de voyants qui grouillent sur le web sont pour la plupart des cas (pas tous) des arnaques surtout lorsqu’on les consulte trop souvent dans la durée.

Le danger c’est que ces médiums (qui n’en sont pas réellement) apparaissent comme des bouées de sauvetage pour des personnes qui peuvent être très déprimés, en manque de confiance ou d’estime de soi, pour des personnes qui sont à un moment de leur vie un peu plus fragile qu’à leur habitude. Ces personnes-là sont des proies faciles pour ces plates-formes de voyance qui n’ont aucun scrupule à leur prendre leur argent.

Enora ne l'a pas supporté. Et ça se comprend.

Point intéressant, à la fin il y a une intervention de l’INAD, Institut National des Arts Divinatoire, qui explique ses tentatives vaines pour légaliser le domaine de l’occulte et ainsi éviter les abus en tout genre. Cette association aide les personnes victimes d’arnaques par des voyants malveillants. A bon entendeur !

Ce livre est un témoignage sincère d’une femme qui, en fin de compte, aujourd’hui est toujours aussi dans le besoin qu’à ses débuts dans la voyance(À moins qu’elle n’ait connu un franc succès avec ce livre).

Bref, à méditer !
Lien : http://jldragon.over-blog.co..

Dans ce récit l’autrice nous retrace sa vie de son enfance à sa vie d’adulte. Jusqu’au jour où, à bout, poussée par ses problèmes financiers, elle braque une buraliste pour l’obliger à lui prêter de l’argent.



Si cette histoire révèle un mal être et une réalité sociale indéniable, je n’ai pas aimé le ton employé par l’autrice. Dans les premiers chapitres elle nous explique son geste et son désarroi, puis au fil des pages le récit semble devenir un plaidoyer pour justifier cet acte désespéré.



Le récit est saccadé entre des épisodes de sa vie passée et le moment du procès. Le rythme est intéressant, malheureusement l’écriture n’est pas fluide et lourde à lire. Même si j’aurai aimé une écriture plus travaillée, comme pour de nombreuses autobiographies la plume n’est pas ce qu’on vient rechercher.



En revanche, les derniers chapitres sont, à mon sens, moralisateurs et accusateurs d’un système administratif et politique défaillant. Aucune nuance n’est donnée et la lettre ouverte ne laisse aucune place à la culpabilité de l’autrice. Au contraire c’est un cri de désespoir ou elle se présente en porte parole des “oubliés de la société”.



Si je suis de toute empathie avec l’autrice, je ne cautionne pas le fait de rejeter ses fautes sur un système auquel on adhère pas. Je n’aime pas les généralités et cette dernière partie me chagrine.