Citations de Rose-Hélène Tremblay (35)
Il y a des temps obscurs qu’on ne traverse qu’en tâtonnant. Et ce n’est qu’avec le temps que le sens de certaines situations se révèle.
C’est bien difficile, même pour du monde normal, de s’expliquer tous nos penchants; alors, imaginez-vous ce que cela doit être pour elle, une muette. Elle n’a pas de mots dans sa tête. Les mots, c’est mieux que rien pour essayer de comprendre le monde et pour se justifier aux yeux des autres, et aux siens, d’ailleurs.
L’histoire nous condamnera.Nous devrions plutôt transmettre à ces peuples la connaissance, car il est grand temps que cessent la mesalliance et ignorance.
La vie est une force tumultueuse, indomptable.
Quand il se remémore ces souvenirs brûlants, le père de Maudelaine éprouve encore de la colère. Mais avec les années, les émotions se sont déposées au fond de lui. Comme les limons de la rivière. Allait-il risquer de réveiller ces monstres endormis que la vigilance de sa femme a réussi à maîtriser, d’une certaine manière? Leurs enfants n’ont pas été exclus des bancs d’école, c’est toujours bien ça de pris! La Révolution tranquille, qu’il a vue arriver avec espoir, lui donnait la certitude que le passé serait enterré.
Le vent charrie encore des gros nuages. Mais le pire est passé. Demain sera sans doute ensoleillé.
Une promesse, c’est comme un contrat. Quelquefois, il y a des clauses cachées.
La planète en détresse ne supporterait pas longtemps le type de prédation que les humains lui faisaient subir. La révolution des âmes, la dissolution de l’égo, le tantra, le bouddhisme pourraient peut-être sauver le monde, qui sait?
Les vraies victoires ne sont pas triomphantes, la plupart du temps. On s’y abandonne avec modestie, jamais trop longtemps.
Le temps était enfin venu de dire « oui » à l’amour libre.
Elle savait, pour avoir lu Anna Karénine de Tolstoi, que certaines femmes ont une vie qui échappe aux lois de la conformité.
Tout le monde sait bien qu’il faut une femme pour donner à l’enfant ce que ni le lait de la vache, ni celui de la chèvre, ni la chaleur du poêle ne peuvent donner.
Quand on a défriché une terre, c’est pas juste de la donner aux autres. C’est pas chrétien.
Époque où un seul regard suffisait pour remettre un enfant à sa place…
Ce doit être comme dans un rêve quand quelque chose de très précieux nous est enlevé et qu’on ne sait pas quoi.
Nécessité fait gens méprendre et faim jaillir le loup du bois.
Le passé, est loin d’être révolu. Il entre en relation avec le présent. C’est un véritable ailleurs qui nous habite et qu’on habite aussi.
On ne sait jamais ce qui se cache derrière les infirmités. C’est peut-être un châtiment du bon Dieu pour expier une faute grave commise en d’autres temps. Quoi qu’il en soit, on ne sait rien d’elle. On ne peut donc pas changer grand-chose, sinon s’en remettre à la divine Providence et aux circonstances.
Une infirmité, c’est une épreuve que le bon Dieu nous envoie pour nous faire grandir. Vous semblez croire que c’est une malédiction qui l’afflige. Voyons donc.
Mais le père Raphaël ne veut plus repartir. Il a trouvé, en Neuve-France, la liberté de penser que la France surpeuplée lui refuse. Il va désobéir. Il dit que ce qui est défendu dans la loi écrite est permis dans la loi de grâce. Depuis qu’il est ici, la nature indomptée le fascine et il respire mieux. Il n’a jamais désiré une femme, de peur de la choquer. Mais, près de Maggie, son trouble se transforme en désir. Il la voit se languir, s’inquiéter, se tordre.