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Citations de Roselyne Sibille (31)


Roselyne Sibille
Le matin
s’envolent des montgolfières
et des oiseaux étranges tachetés de lumière

Dieu des passages
le grand instant
visage des mains en fleurs

Les vergers d’ambre murmurent
d’incompréhensibles berceuses
brusquement rompues

On ne voit pas l’eau mais on l’entend couler

Quand je ferme les coins du jardin
apparaissent les melons jaunes du désert
parmi les épineux
et les rongeurs viennent y boire
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Roselyne Sibille
Que murmure la peau du temps ?

Des passages enchevêtrés de secrets

Le souffle rugueux
de l’immobile en mouvement
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Roselyne Sibille
"Une Corée d'été"
J-5 (mardi 28/6)

Les rizières reflètent le dessin de la montagne. Les lianes vivaces s'acheminent comme une écriture. Un pic noir tape dans un tronc les points de suspension.

Je ne sais ce que je vais créer. La nature coréenne m'enveloppe. Il me faudra entendre sa parole.

Cet après-midi, descente à Wonju pour acheter du matériel de peinture et des papiers coréens hanji : le papier artisanal fait avec l'écorce de mûrier à papier. Deux peintres en résidence nous emmènent en voiture vers l'activité de la ville.
Régal des conversations avec elles, régal de fouiller dans le magasin de matériaux, régal ensuite de la petite échoppe de tissu dans l'allée couverte de parasols où des vieilles femmes écossent des cacahouètes, vendent des graines dans des sacs de jute, et des soupes de pâtes.

J-8 (vendredi 1er juillet)

Déjà une semaine que nous sommes ici. Je tâtonne entre les mots ; Sylvie fait des essais de supports, thèmes et techniques ; nos moteurs montent en régime ; nous prenons des photos, elle rapporte des feuillages dans sa chambre ; nous n'avons pas encore trouvé la bonne vitesse de co-création ; nous cherchons ensemble. C'est excitinquiétant.

J-10 (dimanche 3 juillet)

Il pleut ; les feuillages acquiescent.
L'érable japonais devant ma fenêtre semble un instrument de musique vert, une sorte de balafon souple, ciselé en volumes délicats, percuté vif par touches subtiles.
A travers les branches, le graphiste céleste joue depuis ce matin avec les trames du tissu de la pluie : un bon jour pour écrire.

Nous avons passé la journée au creux de nos chambres, sans sortir. Le week-end, la cuisinière est en congé et nous pouvons nous bricoler un frichti dans la cuisine de notre bâtiment. La pluie faisait une herse hostile tout autour. Sylvie et moi avons fait le premier pas concret dans notre co-création. Chacune avait avancé dans le ressenti du lieu, l'observation, la mise en route de son expression, et nous les avons associés pour prendre un sentier commun. Heures intenses et pétillantes.

J-14 (jeudi 7 juillet)

Il pleut. Il pleut. Il pleut : la mousson est généreuse. Tous les végétaux de la vallée, forêts et plantations des hommes, tous les arbres, arbustes, buissons, le moindre plant de soja, de maïs, de sésame, chaque pousse de riz, ses milliers de semblables, et la terre aussi, absorbent gloutonnement toute cette eau-cadeau. Les torrents dévalent à pleins remous pressés, dans un son profond, dynamique et continu.

Il pleut, ma chambre est tranquille, j'ai des mots dans la tête et du papier sous la lampe. Sylvie, à côté, a des couleurs sous les doigts et des surfaces blanches à éveiller. Entre nos chambres une terrasse de bois couverte. Je passe voir l'évolution de sa peinture ; nous restons là, au chaud, une tasse ou un pinceau entre les mains, à chercher, à danser entre les lianes et feuilles qu'elle a choisi d'explorer avec une nouvelle technique. Cette liane s'appelle "tchik" en coréen ; c'est une légumineuse, dominante partout, en été du moins car à l'automne elle se fane et disparaît. Elle grimpe, s'adapte, s'enroule, s'amoncelle, n'a peur d'aucun support jusqu'à cinq mètres de haut parfois, et va jusqu'à déraciner les arbres. Les coréens ont avec elle un rapport ambigu : ils en utilisent la racine, le kouzou aux mille vertus (pueraria lobata) comme médicament traditionnel mais redoutent aussi son exubérante emprise. Gracieuse, puissante, elle déploie des grosses feuilles ovales légèrement festonnées et un vert… -comment définir un vert parmi les milliers de verts ?- un vert très tchik !

Sylvie essaie, passe du trait aux masses, en noir et jaune d'or. Pas de vert, il ne manquerait plus que ça ! Elle stylise, pousse les contrastes, s'approche de la sève, cherche l'équilibre entre contours, pleins et interstices, accroche les pans réalisés sur une ficelle tendue dans la longueur de sa chambre, parallèle à son lit. Quand j'entre, je slalome entre ses chaussures, son parapluie, l'étendage, le grand plastique qui protège le sol, et les brassées de feuillages fanés recroquevillés sur une tension qui nourrit son dessin. Sa chambre est devenue toute petite ! Je respire comme une odeur de peinture végétale. Je m'immerge dans ses tableaux, et je lui envoie mes suggestions en écho.

Elle vient chez moi aussi voir sur les "œuvres sur papier" dont j'ai commencé une série, et me donner son avis. Je joue entre mots et matière : les évocations de mes poèmes, les feutres calligraphiques et les possibilités d'un papier de riz très fin, souple, à la résistance-fragilité passionnante. Chaque jour je découvre de nouvelles façons d'exprimer ce que je suis en lien avec le lieu qui nous accueille.

Ces échanges maintiennent intensité, nuances et fluidité dans nos recherches. Quand on arrive aux bonnes questions, on trouve les bonnes réponses. Le but de cette résidence commune est tout à fait atteint, d'une façon inattendue.

J-24 (dimanche 17 juillet)

Il pleut. Heureusement que les mots, les papiers, les couleurs et les formes proposent des variations à l'infini. Nos heures sont créatives et partageantes.
Sylvie m'invite à venir observer la trajectoire d'une nouvelle liane, l'emplacement d'une feuille, les espaces intermédiaires, l'équilibre des masses. Mon regard est distancié, sa main est habile, les tableaux se balancent, trouvant leur justesse.

J-27 (mercredi 19 juillet)

Je m'applique à mes "œuvres sur papier". J'en ai déjà dix comme une exploration de poésie graphique. Nous avançons sur le projet d'exposition avant la fin de notre séjour. Sylvie a presque terminé une série de neuf peintures de tchik. Les poèmes sont nés. Le vernissage sera le 27 juillet.

J'ai trouvé le nom de l'expo, ce sera : "Entre racines et lumière, une danse".
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Poing lancé par l’innocence de l’aube

Entre l’ombre et la clarté
la lutte a commencé

Elles rampent en silence se distordent
inextricables entremêlées
un corps à corps millimétrique

Les chardons attendent
et les bougainvillées

Quand sourit le crépuscule
on ne sait pas qui a gagné

Demain recommencera le combat
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Son des cigales dans le vallon
exagéréexagéréexagéré
jusqu’à la plage

Les galets s’enroulent et jouent dans les remous
la partition de leurs couleurs mouillées
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L’Ombre se dresse devant moi

J’y découperai une silhouette à ma mesure
et je pourrai entrer

Je sècherai mes pieds de glaise à l’incendie
J’attendrai parmi les oiseaux que je ne verrai pas

Les lointains seront bleus
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sans toi
sauf tes murmures
avec trop de
mais tant de
donc sourire
avant que la
et pourtant
puisque rien
à part traduire
et durer
et absolument
pendant que là
pas à pas
mais gelé
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un miroir
appuyé contre la nuit

voir ce qui demeure
et sourire
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Lointaine
muette
hostile
cachée dans ses plis et replis

Plus tard vous poussant de l’épaule
présente comme une question
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Les cigales cisaillent le silence
Victoire assommée asséchée éblouie

Le temps abasourdi
trébuche
sur l’épaule immobile des secondes
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Plutôt que des mots…


Plutôt que des mots
noyés par les mots
j’écouterai
s’équilibrer les arbres
en quelques craquements
dans le bois
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