Le prolétariat doit se débarrasser des idéologies bourgeoises des révolutions politiques, qui trouvent toujours leur aboutissement dans une nouvelle occupation de l'appareil du pouvoir politique.
Le centralisme n’a jamais été une unification des forces, mais bien la paralysie de la force ; c’est l’unité artificielle de haut en bas, qui cherche à atteindre son but par l’uniformisation de la volonté et l’élimination de toute initiative indépendante – l’unité d’action d’un théâtre de marionnettes, dont chaque personnage saute et danse au gré de celui qui tire les ficelles dans les coulisses.
Sous la « dictature du prolétariat », la Russie s’est transformé en une immense prison, où toute trace de liberté a été systématiquement effacée, sans que l’on se soit pour autant rapproché des buts initiaux de la révolution.
En travaillant systématiquement à la subordination de toutes les manifestations de la vie sociale au pouvoir absolu d’un gouvernement doté de tous les droits, on ne pouvait qu’aboutir à cette hiérarchie bornée de fonctionnaires, qui a été fatale au développement de la Révolution russe.
Les soviets auraient pu jouer en Russie le même rôle que les sections pendant la Révolution française, mais une fois qu’ils eurent été dépouillés de leur autonomie par le pouvoir central, qui ne laissa subsister d’eux que le nom, ils perdirent immanquablement toute influence féconde sur le cours de la révolution.
Qui n’est pas aveuglément d’accord avec les diktats et les idées des hommes au pouvoir à Moscou et de leurs petits suiveurs à l’étranger, se voit irrémédiablement étiqueté « contre-révolutionnaire » et flétri comme traître au mouvement ouvrier.