Dire qu’on a imprimé ça ! Là, je me pose sérieusement des questions sur les relecteurs ou ceux qui choisissent les romans à publier dans les maisons d’éditions.
Allez, on tranche dans le vif et le massacre sera à la hauteur de celui du 9 novembre, au 13 Miller’s Court (Mary Jane Kelly).
Notre homme commence par nous raconter comment il a acquis le châle dans une vente aux enchères ou personne, je dis bien personne, n’avait enchéri dessus !
Le fait qu’un spécialiste de Jack n’ait pas bronché à la présentation du sois-disant châle ayant appartenu à Catherine Eddowes aurait dû mettre la puce à l’oreille de n’importe quel imbécile. Mais il l’achète après, en passant directement par le commissaire-priseur.
Môssieur savait que le châle était ZE châle à Catherine Eddowes !
On lui présente un truc vieux et puant en lui disant que c’est une relique d’une des victime de Jack et il le gobe ?
Et demain, je lui sors un drap de lit à la propreté douteuse et je lui dis que les tache plus blanches sont en fait le visage de Jésus et je lui refourgue en tant que véritable Saint-Suaire ?
WTF ??
Ensuite, il nous parle de lui, de sa vie, de ses malheurs, de son enfance pas terrible, du fait qu’il ne connaissait rien de rien de celui qui fit de l’East End un lieu maudit… Ok, si l’auteur veut nous le faire croire, je vais jouer le jeu et croire.
Mais bon sang, on s’en fout, mec, de ta vie, de ton enfance et du fait que tu as réussi à réussir dans la vie ! Accouche, pousse, c’est un garçon !
De plus, l’usage d’un nègre littéraire n’aurait pas été du luxe car son style d’écriture est pauvre, lourd, surtout avec ses pavés de descriptions historiques et de détails scientifiques. Rien n’est bien construit.
Dans un style d’écriture super simpliste et super agaçant à lire durant certains passages, de plus, l’abus des mêmes tournures de phrase sur une même page peut s’avérer un brin chiant
On notera aussi que l’auteur ne se prend pas pour n’importe qui, faudra qu’il change de chemises, il a dû exploser ses cols à force de se faire gonfler le cou !
À croire qu’il vient d’inventer le fil à couper le beurre tant il se prend pour LE gars qui vient de résoudre une des énigmes de la fin du 19ème siècle. Lui seul a su découvrir LA vérité, poils au nez.
Ensuite, il nous décrit la ville de Londres, ses taudis, ses immigrés, et toussa toussa, mais je n’ai pas vu à la fin du roman les références à tout ce qu’il nous a raconté (et qui était vrai). Il a pompé ces infos dans d’autres livres traitant de l’Éventreur, dans des livres historiques ou il a la science infuse ??
Notre auteur à la plume pas géniale retrace aussi longuement l’emploi du temps des victimes.
Il commence par la mort d’Emma Smith, agressée le 3 avril 1888, puis passe à Martha Tabram (7 août 1888), l’incluant dans les victimes de Jack (les ripperologues l’excluent) avant d’arriver à la première victime canonique, Mary Ann Nichols.
Si vous êtes un ou une habitué(e) des livres parlant de l’Éventreur, tout cela pourrait faire resucée mais je ne plaindrai pas, remettre les faits en place n’est jamais mauvais, et sans cela, le roman aurait été plus fin qu’un Harlequin…
Pareil ici, l’auteur ne cite toujours pas ses sources officielles, il parle juste de quelques trucs qu’il a lu dans les journaux de l’époque (sources pas toujours fiables !) ou dans le Police Gazette, mais pas de notes en fin d’ouvrage sur les sources plus « officielles ».
Lorsqu’il aborde le meurtre de Catherine Eddowes, on le sent déjà piaffer d’impatience de nous raconter ce qu’il savait du châle (de source pas sûre du tout et non répertorié dans les objets de la victime par les roussins) et que les autres savaient pas (♫ nananinanère) puisque c’est par ce châle que la lumière fut.
Amen et ite missa est (allez, la messe est dite).
Oui, autre chose qui m’a énervée : certes, les victimes sont avant tout des êtres humains et elles ont sans doute perdu leur statut à force d’en parler, elles sont des « cas d’études » mais que l’auteur nous bassine avec ses remarques aussi régulières que stéréotypées sur l’empathie que suscitent chez lui les victimes de l’éventreur semblent forcées, voire un brin artificielles.
Oui, on peur les traiter humainement lorsqu’on analyse les meurtres de 1888 à Whitechapel, mais lui, il force le trait avec ses « Mon Dieu, pourvu qu’elle n’ait pas souffert » et autres niaiseries qui sonnent aussi faux que si je disais que j’ai tourné dans un film porno.
Une fois qu’il a parlé du « passé » avec nos victimes, leur vie, leur mort, il passe au « présent » et enchaîne sur des dialogues avec les experts, les prétendus descendants de la victime et il explique ainsi comment il en était arrivé à cette théorie sur les motifs de fleurs imprimés sur le châle, théorie capillotractée et tout aussi loufoque que celle de Cornwell qui tirait la queue du chat pour faire de Sickert un parfait Jack.
Enfin, la théorie loufoque, c’est moi qui le dit, hein, pas lui, namého lui il est Grand et le plus fort, le plus intelligent et le seul qui sait LA vérité.
Souvent, trop de détails viennent parasiter le récit, notamment lorsqu’il présente les personnes qui ont bossé sur le châle.
Qu’il me déroule le C.V du scientifique qui a réalisé les analyses, je suis d’accord, c’est la preuve que c’est pas un guignol ou son neveu avec son matériel de petit chimiste, mais savoir avec qui il est marié et le nombre de gnomes qu’il a fait à sa femme, on s’en branle !
Tous ces passages superflus où Edwards rentre dans des détails biographiques tout à fait inutiles à son sujet ou sur les différents participants à la quête du Graal plombent et alourdissent le récit au point que l’on décroche des lignes et que les yeux survolent le tout sans prendre attention.
Certes, il faut expliquer correctement, prouver qu’on a pas déconné, mais la manière dont les choses sont abordées me font penser à un enfant qui nous expliquerait ses recherches (tout en devisant sur le fait qu’il faisait ses courses, qu’il buvait un verre, qu’il était en bagnole).
Là encore, aucune références, ce pourrait être de l’invention pure et simple et le seul moyen de le savoir serait de vérifier sur le Net, sites scientifiques… Mais en attendant, ça meuble les paragraphes, les pages, le roman…
L’auteur arrive même à s’emmêler les pinceaux, à croire que personne n’a relu le roman et que l’auteur est une girouette qui ne sait plus ce qu’il dit.
La preuve ? Le châle est assez luxueux, pas du genre à être possédé par une prostipute, alors notre coco arrive à une conclusion stupéfiante : la misérable prostituée Catherine Eddowes qui mettait ses bottines au clou pour se payer un lit pouilleux dans un asile de nuit ne pouvait pas posséder ce luxueux châle.
Alors ? Alors ? Oui, il appartiendrait à Jack l’Éventreur qui l’aurait disposé près du corps pour laisser un message sur la date de son prochain carnage (les motifs floraux). Bon, ok, on tire sur les cheveux, ça fait mal…
Mais là où le bât blesse, c’est qu’ensuite il a l’air d’avoir oublié cette conclusion tarabiscotée et nous fait un caca nerveux en apprenant que le bleu du châle déteint à l’eau et que donc, Catherine Eddowes n’aurait jamais pu le porter sur elle en revenant de la cueillette du houblon parce qu’il pleuvait et que le châle aurait perdu sa couleur bleue.
Ou il ne sait plus ce qu’il a dit avant ou alors, il a tout écrit et remanié ensuite ses chapitres, le déroulement de son histoire et cela donne cet illogisme flagrant.
Ce qui me fait enchainer sur le fait que niveau structure du livre, c’est un bordel sans nom et complet ! Un véritable souk, un brol !
J’ajouterai, pour clouer un peu plus le livre, que l’auteur, tout à sa joie de résoudre l’affaire, fait parfois des suppositions vaseuses mais qui, bien entendu, vont dans son sens. Même si la châle dont il parle ne se trouvait pas sur les relevés des objets appartenant à Eddowes.
Tout va toujours dans son sens et la théorie des fleurs sur le foulard qui est un message pour les enquêteurs, moi je dis « faut pas pousser mémé dans les orties, surtout quand elle n’a pas de petite culotte » !
Ce que ressens, à la fin de ma lecture laborieuse, c’est un endormissement prématuré, une pointe de douleur derrière l’arcade sourcilière et l’impression qu’on a fait du remplissage de paragraphes afin d’étoffer le livre et de ne pas sortir un roman de l’épaisseur d’une ficelle de string.
De plus, niveau « pratique », il eut été plus intelligent d’intégrer directement les illustrations dans le texte plutôt que de les remiser à la fin, en appendice.
Comment qualifier ce WTF de roman ?
« Un peu de tout » car nous sommes face à une biographie vu l’auteur qui nous raconte sa vie, c’est une enquête mais sans suspense, ceci n’est pas une fiction et malgré la soupe indigeste des analyses en seconde partie, ceci n’est pas un rapport scientifique mais ça cumule tous les défauts de ces genres !
Je ne remets pas en question le coupable, Aaron Kosminski, il était dans les suspects, il est plausible et bien plus qu’un Walter Sickert, que le petit-fils de la Reine, son médecin personnel ou Columbo aidé de Derrick (bien que pour Derrick j’hésite, paraît qu’il était plus hargneux, jeune).
Merde, il y avait moyen de faire un bon bouquin, une enquête passionnante que l’on aurait dévoré, une traque sans faille, une théorie plausible et le tout fait pchiiit et on reste avec un goût amer dans la bouche tant avec le travail d’écriture d’un pro on aurait eu autre chose entre les mains.
Si la première partie était intéressante, la seconde est indigérable, lourde, et j’ai peiné pour arriver à la fin du livre, mais puisque le vin était tiré je l’ai bu, même en tant que piquette.
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