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Citation de martineden74


Je ne dis rien mais je peux comprendre cette peur de s’approprier une douleur qui ne soit pas la sienne. J’ai passé une bonne partie de ma vie à mesurer les traces qu’avait pu laisser en moi (…). Avant même de savoir qu’il y avait des dizaines et des dizaines d’études psychologiques, toutes plus ronflantes les unes que les autres, sur la transmission des traumatismes, que les notions de « 2e » et de « 3e » génération étaient devenues des catégories conceptuelles communes, je sentais depuis toujours que ces traces existaient en moi comme des particules radioactives continuent d’irradier un paysage bien longtemps après une déflagration nucléaire. J’étais pourtant souvent exaspérée par la manière dont était parfois mise en scène (notamment sur la scène psychologique) cette notion de transmission traumatique – j’y voyais (et je ne m’excluais pas d’ailleurs du lot) une façon de s’annexer une souffrance, une histoire exceptionnellement tragique, à bon compte – un manque de dignité envers soi, envers les morts.

Cette question de savoir si ce que je ressentais n’était pas au fond une mise en scène narcissique, un auto-apitoiement complaisant, m’a longtemps taraudée jusqu’à ce que, progressivement, j’en vienne avec un peu de fatalisme à l’accepter puisque c’était là – ni plus ni moins narcissique que nos autres représentations de nous-mêmes, échappant en tout cas à un quelconque jugement moral : là, tout simplement, comme les traces, en nous tous, de tant d’histoires familiales et collectives, ni plus ni moins.
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