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Citation de Danieljean


En sortant d’une réunion durant laquelle une douloureuse fatigue m’avait, pour ainsi dire, assombri auprès de mes collaborateurs et où je demandais l’ajournement de la séance puisque les mots ne m’étaient pas venus... En sortant, je devais rencontrer une autre lassitude devant l’obstination de ma voiture à ne pas démarrer et me laisser là, devenir le point d’interrogation de mes collègues. Je décidais donc de l’abandonner et de rentrer chez moi, mais il fallait, pour cela, regagner l’avenue située plus haut afin d’espérer trouver un taxi. Je m’engageais alors par le chemin, la petite ruelle sinueuse reliant les deux avenues, et je devais sans doute penser que cette promenade inattendue le long de cette route pentue et parsemée de jardins m’allégerait l’esprit d’une pesanteur que je n’arrivais toujours pas à m’expliquer. La journée s’était pourtant passée comme d’ordinaire, les séances de travail dumatin avaient été plutôt satisfaisantes, nous avions reçu beaucoup de monde et certains participants m’avaient félicité pour la justesse, allant jusqu’à dire l’efficacité, de mes propos. Le déjeuner s’était tout aussi bien passé et nous avons même longuement bavardé avant la reprise. Il y avait juste eu cette dernière réunion durant laquelle les mots ne m’arrivaient pas... pas suffisamment vite pas suffisamment justes et puis... plus du tout...et s’en était alors suivie cette sensation désagréable, fatigante, de ne pas être tout à fait là, d’être pour ainsi dire à côté et de m’entendre parler... insuffisamment. Comme par accident, je ne retrouvais plus le mot exact et, au lieu d’utiliser un synonyme ou encore de reprendre toute la phrase selon une autre tournure, les choses se sont aggravées : la perte d’un mot a entraîné la perte de tous les autres. Je ne savais même plus comment dire pour m’excuser d’une telle situation. J’avais l’impression que les parties qui me composent s’étaient distendues, qu’elles n’entraient plus en résonance et que plus rien ne pouvait sortir de moi. Une sensation de pesanteur s’était alors emparée de moi et je crois avoir réussi à prononcer, ou alors était-ce un collègue, quelque chose qui signifiait l’ajournement de la séance de travail.
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