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Critiques de Ryan Browne (5)
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Project Superpowers: Hero Killers

Ce tome comprend une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissance préalable des personnages pour comprendre ou apprécier le récit. Il contient les épisodes 1 à 5, initialement publiés en 2017, écrits par Ryan Browne, dessinés et encrés par Pete Woods, avec une mise en couleurs réalisée par Celeste Woods.



Dans la banlieue de Libertyville aux États-Unis, un gang de robots sur roue se livrent à un trafic d'alcool dans un entrepôt discret. Leur petit manège est interrompu par l'irruption de Death Defying Devil (Bart Hill) initiant la bagarre, bientôt suivi par une vingtaine d'autres superhéros. Pendant ce temps, le maire Will Williams junior explique comment Libertyville est passé de la ville avec le fort taux de criminalité des États-Unis à celle avec le plus faible taux. Son administration a mis en œuvre une politique d'installation favorable aux superhéros, avec des déductions fiscales, et des primes au supercriminel neutralisé. Maintenant, il n'y a presque plus aucun supercriminel en activité à Libertyville, et une surpopulation de superhéros, au point qu'ils doivent se résigner à exercer des petits boulots faute de criminels. Cela explique qu'ils se retrouvent à s'entasser dans une seule et même bataille en espérant ramener une tête de robot pour pouvoir prétendre à une prime et payer leurs crédits. Las ! l'un d'entre eux finit par se rendre compte que l'activité de ces robots n'avait rien d'illégale, la prohibition étant terminée depuis des décennies. C'est alors à celui qui quitte les lieux le plus vite pour éviter d'être incriminé et rendu responsable de ce faux pas.



Après s'être fait tancer et vomi dessus par Black Terror (Bob Benton), Tim Roland (son assistant adolescent) décide d'aller faire un tour au port, pour manger une glace avec Sparkle (l'assistant adolescent de Big Blue) et Captain Battle junior (l'assistant adolescent de Captain Battle). Alors qu'ils papotent tranquillement, ils voient surgir le sous-marin du docteur Baron von Physics sous leurs yeux. Ils décident d'investiguer par eux-mêmes, sans attendre l'arrivée de Black Terror que Tim a appelé avec son gadget signal. Ils réussissent à neutraliser le baron et Black Terror arrive après coup. Mais il leur demande d'aller voir ailleurs afin de s'attribuer tout le mérite de cette défaite. Tim a marre de commander des pizzas et des prostitués pour lui, et il lui tire dessus dans un accès de rage incontrôlée, le tuant sur le coup.



En 2008, Alex Ross, aidé par Jim Krueger, décide de ramener sur le devant de la scène des superhéros du Golden Age, tombés dans l'oubli depuis. Il s'agit essentiellement de superhéros précédemment publiés par l'éditeur Nedor, et passés dans le domaine public. Il rassemble ces différents personnages (y compris ceux rapatriés d'autres éditeurs) sous le nom de Project Superpowers, ce qui donne lieu à une première minisérie Project Superpowers en 2008, suivie par d'autres consacrées à Black Terror, Death Defying Devil, Masquerade, et même aux supercriminels. La dernière en date avait été écrite par Warren Ellis et dessinée par Colton Worley en 2015 : Project Superpowers: Blackcross, toujours publiée par Dynamite. Le lecteur voit donc arriver ce nouveau projet, et il remarque qu'il écrit par Ryan Browne, auteur complet d'une satire de superhéros décapante : God hates astronauts. Il sait donc qu'il peut s'attendre à un récit parodique à base de superhéros non corseté par le carcan d'un éditeur comme DC ou Marvel.



Effectivement, le scénariste charge la barque dès la couverture avec cet assistant adolescent enivré par le pouvoir d'avoir tué des superhéros adultes. Le lecteur peut le comprendre quand il constate que Black Terror est un mentor abusif, porté sur la boisson, et lui demandant de commander une escort-girl différente par jour, avec une grosse préférence pour celle du jeudi. Le mentor de Captain Battle junior est une figure paternelle sévère et stricte. Sparkle ne se rend pas bien compte de la tutelle de Big Blue, parce qu'il est un peu simplet. Black Terror rabaisse Tim chaque fois qu'il en a l'occasion et tire toute la couverture à lui sans vergogne. Big Blue n'hésite pas à se faire passer pour belle blonde bien pourvue et à se laisser draguer par son propre assistant Sparkle. Les adultes sont tous condescendants et suffisants, jusqu'au maire qui passe la nuit avec Rainbow Boy, malgré la différence d'âge et le fait qu'il soit marié. Le lecteur peut trouver une telle forme de parodie trop avilissante et gratuite, ou il peut la trouver un peu trop tiède s'il a déjà lu la version trash de Rick Veitch Bratpack (1990/1991). Il peut aussi s'amuser de cet humour qui joue sur le sous-entendu que les superhéros adultes qui ont des assistants adolescents, les mettent sciemment en danger, tout en leur faisant porter des costumes un peu révélateurs, en particulier les culottes courtes. Ce type d'humour fonctionne donc mieux pour un lecteur habitué aux codes des superhéros.



Ryan Browne raconte une histoire linéaire, dans laquelle un assistant adolescent est passé du côté obscur et élimine froidement les individus dont il estime qu'ils lui font de l'ombre, dans le contexte d'une ville sans plus de supercriminels. Il pioche dans les superhéros de Project Superpowers, tous blancs, et sans un personnage féminin à l'horizon, à part les jambes de l'escort-girl. Il n'hésite à ajouter des ingrédients trash et gore de temps à autre, comme un personnage énucléé par l'antenne d'un robot, ou un superhéros masquant une blessure au visage avec un gant isotherme scotché autour de la tête avec un trou pour l'œil, ou encore avec un superhéros qui perd son avant et qui le remplace par une lame effilée (comme le fit Aquaman dans les années 1990) ou un autre qui perd la moitié inférieure de sa jambe. Il fait montre d'une verve comique utilisant d'autres genres, comme celui du comique de répétition (les superhéros à qui le maire retire la clef de la ville pour la donner à un autre superhéros) ou des remarques sur les différents types de chuchotis en fonction des circonstances.



Pete Woods a aussi bien travaillé pour DC (sur la série Robin par exemple) que pour Marvel (sur la série Deadpool par exemple) ; il est donc familier des conventions visuelles propres au genre superhéros. Il dessine de manière réaliste, avec un degré de simplification pour les textures et les détails. Il ne s'investit que de manière relative dans les décors. Il sait gérer la pléthore de costumes de superhéros dans la première double page où il en apparaît une vingtaine. Il réalise des découpages de page sur la base de 5 à 6 cases, ce qui correspond à une narration légèrement plus dense que le comics de superhéros moyen. Il sait mettre en scène l'utilisation des superpouvoirs avec l'impact nécessaire. Il sait intégrer des éléments aussi bizarres que les étranges créatures vivant dans une dimension parallèle, avec le reste des éléments plus familiers, sans solution de continuité visuelle.



Pete Woods conçoit des visuels pour être le plus en phase possible avec l'intrigue et ses rebondissements loufoques ou gore. Il s'amuse à exagérer les expressions du visage des personnages, pour accentuer la dimension parodique. Il n'est pas aussi doué pour les moues que Kevin Maguire, Amanda Conner ou Darick Roberston, mais le lecteur voit bien les émotions plus intenses que la normale. Le langage corporel est assez parlant, même si le lecteur aurait très imaginé qu'ils soient plus exagérés pour montrer à quel point les assistants adolescents sont la proie de l'émotion du moment, et à quel point les adultes ne sont pas si matures que leur âge le laisserait croire. Le lecteur apprécie quand même la justesse de plusieurs images pour des moments pas si faciles que ça à faire passer. Il y a bien sûr ce demi-masque réalisé à partir d'un gant pour protéger de la chaleur, énorme mais rendu parfaitement crédible une scotché sur le visage de Tim Roland. Il y a ce superhéros qui s'empale évanoui sur l'antenne d'un robot qui perce son oreille et ressort par l'orbite de l'œil droit en délogeant l'œil. Il est probable que le lecteur n'oubliera pas de sitôt le costume très gay de Rainbow Boy, ou la version armure du costume de Black Terror.



Ryan Brown & Pete Woods emmène donc le lecteur dans une variation trash des superhéros, et de la révolte compréhensible mais répréhensible de leurs assistants adolescents. Le scénariste prend soin de raconter une vraie histoire cohérente, et le dessinateur que tous les éléments visuels cohabitent sur le même plan. Malgré tout le lecteur se rend bien compte que le scénariste s'amuse à retourner la situation de manière mécanique dans le dernier épisode, et que le comportement de Tim Roland finit par être un peu artificiel, dicté par les besoins du scénario. De même Pete Woods réserve sa démesure visuelle pour des moments ponctuels, revenant à une narration plus cadrée le reste du temps. Le lecteur se dit que les auteurs auraient pu se montrer plus téméraires dans leur narration soit pour tirer le récit dans l'absurde, soit pour le pousser dans des contrées plus provocatrices. La mécanique du récit est efficace, mais l'humour n'est pas assez épicé, la parodie n'est pas assez critique.
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God Hates Astronauts, tome 3 : Cosmic Apoca..

Ce tome fait suite à A star is born (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. C'est le dernier tome de la série. Il contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2015, écrits, dessinés et encrés par Ryan Browne, avec une mise en couleurs de Jordan Boyd. Il faut avoir commencé la série par le premier tome : The head that wouldn't die!.



Le tome s'ouvre avec une page de récapitulatif narré par 3-D Cowboy, l'espèce de fantôme en 3D. Il rappelle que le Roi Tigre Mangeant un Cheeseburger est arrivé sur Terre avec sa flotte spatiale pour se venger de ceux qui ont tué son fils, que le détective Charles LeBronson a enfin arrêté Anti-Mugger, l'individu qui commettait des vols à l'arraché sur des passants, que Gnarled Winslow, Texas Tom et une vache ont fusionné ensemble suite à un exorcisme ayant foiré, et que Starlina a tué son père sans faire exprès, après avoir abusé sur les cookies. L'invasion a commencé et Starrior (Shelley, la mère de Starlina) n'a même plus son anneau de pouvoir pour se défendre.



Heureusement Time Giraffe vient en aide à Starrior, et Sir Hippothesis arrive avec son armée pour combattre le Roi Tigre Mangeant un Cheeseburger et son armée d'hommes à tête de crabe. Malheureusement une nouvelle faction arrive sur Terre, sur le lieu de la bataille : les Supers Gentendians, et ils enlèvent la petite Starlina pour l'emmener sur leur planète. Pendant ce temps-là, Craymok continue d'abuser des bonbons Environmints à raison d'une page par épisode. L'entité Gnarled Winslow / Texas Tom / vache est dans une autre dimension, dans une ville dévastée et elle doit se battre contre Clobberfist, un énorme géant pas content. Heureusement Time Giraffe explique à Starrior que la cosmo-chaise de Star Grass peut voyager dans le temps.



Pour faire simple : si le lecteur n'a pas lu les 2 premiers tomes, il ne comprendra rien, mais il se bidonnera tout autant. Contre toute attente, Ryan Browne raconte bien une histoire un peu compliquée, avec une invasion extraterrestre, des voyages dans le temps (paradoxes temporels assurés), une femme prête à tout pour récupérer sa fille faisant preuve de bon sens et de ressources, un peuple extraterrestre opprimé, un narrateur pas toujours en état de commenter ce qui se passe, et une parodie de Charles Bronson. Du point de vue de la structure, l'intrigue tient la route et elle aboutit à une fin satisfaisante. Du point de vue des protagonistes, la plupart sont réduits à un rôle de dispositif narratif, mais certains disposent d'une vraie personnalité, à commencer par Starrior et Star Grass. Même 3-D Cowboy laisse poindre des traits de caractère, pas très flatteurs pour lui d'ailleurs.



Le lecteur se laisse donc emporter dans ce maelstrom débridé, en s'accrochant à l'intrigue, facile à suivre, même si elle n'est pas entièrement linéaire, puisqu'il est question de voyages dans le temps, mais sans les boucles sur elles-mêmes qui donnent mal à la tête. 3-D Cowboy est toujours représenté avec un double contour, l'un au trait bleu, l'autre au trait rouge, donnant une impression un peu trouble, mais permettant de le repérer plus facilement dans les pages. En effet, l'auteur s'amuse à la glisser dans une case ou une autre, faisant mine de participer à l'action. Ainsi le lecteur peut le déceler dans un dessin pleine page dans l'épisode 6, parmi l'armée de Sir Hippothesis, ou alors il peut le repérer dans l'épisode 10, en train d'occuper un scaphandre aux côtés de Sir Hippothesis. Le lecteur comprend vite que l'auteur prend très au sérieux la dimension ludique de la lecture, et en profite pour glisser des gags visuels régulièrement, sans forcément s'appesantir dessus ou y attirer l'attention par le biais d'une remarque d'un personnage.



Il est difficile de rendre compte de l'abattage constant de Ryan Browne, ainsi que de la diversité des genres de comiques qu'il utilise. Il n'est pas particulièrement attaché aux décors, mais il fait en sorte de décrire l'environnement au moins à gros traits en début de séquence, et parfois même dans le détail (comme le QG de l'équipe des Power Persons Five). D'un autre côté, ses personnages sont tellement singuliers qu'ils suffisent à apporter une forte densité visuelle dans chaque case à eux tout seuls. Il est difficile de croire qu'ils ont été conçus par un seul et même esprit dérangé. Ça commence avec Starrior sur la couverture, qui porte un costume digne des pires excès des années 1990, plus révélateur que ça et ce serait une atteinte à la pudeur caractérisée, sauf qu'elle a conservé ses sous-vêtements (l'explication est donnée dans le cours du récit à la fois pour la coupe du costume et pour la conservation de la culotte et du soutien-gorge). Le lecteur a ensuite l'attention attirée par ces extraterrestres anthropoïdes à la tête de crabe, puis sur la même page par le robot géant en forme de girafe. Il croit halluciner en voyant arriver un chariot céleste tiré par 2 centaures en combinaison spatiale, brandissant des armes à feu d'une dimension impressionnante, sans oublier une hache dans la main gauche.



Ryan Browne n'hésite pas à combiner des clichés des comics d'action, les plus ridicules possibles, pour un amalgame délirant dont l'inventivité ne connaît pas de borne. Pour accompagner l'armée de Sir Hippothesis, il y a une brigade d'ours anthropomorphes, déclamant leur amour le saumon et le miel. Bien sûr l'inspecteur Charles LeBronson est une caricature de l'acteur Charles Bronson (période Un justicier dans la ville). Par contre, il était totalement imprévisible qu'il se déplace à dos de tortue géante (avec marqué en gros Police sur la carapace) pour rejoindre la prison. Mais cette tortue ne dépare pas dans la ménagerie qui se livre bataille. À la fin de l'épisode 1, le lecteur voit apparaître de nulle part, ces Super Gentendians, en notant mentalement que leur apparence est un hommage assumé aux New Gods de Jack Kirby. À partir de là, il devient logique que le président des États-Unis s'appelle Rushmore, et que sa tête soit en forme de sculpture du Mont Rushmore, avec une texture de pierre, et la tête sculptée de 4 présidents.



Tout du long de ces 5 épisodes, c'est donc un festival d'individus plus improbables les uns que les autres, sans oublier le retour des autres membres des Power Persons Five dont l'inénarrable The Impossible (Janet, avec son visage à l'envers), ou Anti-Mugger avec son troisième bras au niveau de la poitrine. Ryan Browne parsème son récit de situations décalées, imprévisibles, burlesques, grotesques, absurdes. Il faut voir Star Bear One, arracher la tête d'un individu crabe pour croire que l'auteur a osé écrire DE-CRAB comme onomatopée évoquant le bruit ainsi produit. Il est impossible d'anticiper les origines secrètes de Pandor, le panda anthropomorphe dans un fauteuil flottant, servant de conseiller au roi Tigre Mangeant un Cheeseburger. Il y a une raison logique (dans le cadre du récit) pour laquelle Star Fighter souhaite acheter tous les nuggets de poulets dans un établissement de restauration rapide, (Si, si, ça fait sens dans ce contexte). On comprend aussi aisément comment une version intermédiaire (du point de vue chronologique) de Star Fighter perd un pied, et comment cela se répercute sur sa version plus âgée et pas sur la version plus jeune (il y a bien une forme de logique dans ces conséquences). Le lecteur est assez déconcerté par la participation de Charles Soule (le scénariste de comics, quasi omniprésent chez Marvel et DC en 2015, année de sortie de ces épisodes), mais là encore l'explication fait sens et le second degré est imparable.



Ryan Browne fait vraiment feu de tout bois en termes d'humour, et il n'y a pas de tabou. Ainsi dans un duel, le lecteur peut voir 2 combattants se flanquer de grands coups de latte dans les joyeuses, ça fait mal, c'est bourrin, mais ça reste marrant. L'auteur s'amuse également avec un humour plus noir, à base de blessures atroces. Sir Hippothesis perd ainsi un bras, ce qui ne semble pas l'incommoder outre mesure, mais les dessins s'attardent bien sur l'os ainsi mis à nu. La version de Star Fighter avec sa tête hydrocéphale (non, en fait les os de son crâne sont réduits en bouillie) est de retour pour un effet visuel toujours aussi dérangeant, et d'ailleurs un autre personnage vomit en jets violents chaque fois qu'il le voit. Il est encore possible de mentionner des coups portés qui déchirent les individus en 2, avec la chair à vif, le sang qui gicle, etc.



Au bout de 2 pages, le lecteur se rend compte qu'un sourire s'est installé sur son visage et il ne le quitte pas tout du long de ces 5 épisodes. Ryan Browne mène à bien son intrigue, avec une belle inventivité, mais sans grande portée sociale ou philosophique. Sur cette structure solide, il embrasse les situations absurdes, les personnages ridicules, la violence gratuite, l’imbécillité des protagonistes, et l'humour le plus visuel, comme le plus gras. Le lecteur est emporté dans un tourbillon d'inventivité débridée, de railleries des clichés et des stéréotypes, avec quelques personnages étoffés qui lui permettent de se rattacher à des émotions et des motivations compréhensibles. 5 étoiles pour une aventure hilarante, sans fausse honte, prenant en compte la culture du lecteur.
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God Hates Astronauts Volume 2

Ce tome fait suite à The head that wouldn't die (recueils d'histoires parues sous forme de webcomics). Il comprend les épisodes 1 à 5 de la série publiée par Image Comics, initialement parus en 2014, écrits, dessinés et encrés par Ryan Browne, avec une mise en couleurs de Jordan Boyd. Il vaut mieux avoir lu le premier tome pour comprendre qui est qui dans celui-ci, même si un personnage effectue un résumé de 2 pages au début du premier épisode.



L'équipe des Power Persons Five se compose de Star Grass (Bill, ex Star Fighter amalgamé avec Blue Grass une vache), Starrior la femme de Star Grass (et leur fille Starlina, encore bébé), The Impossible (Janet), The Anti-Mugger (Dave), et Craymok, sous la tutelle du Docteur Professor. Au début de ce deuxième tome, l'équipe n'existe plus en tant que telle. Shelley (Starrior) s'occupe de sa fille, et gère sa baby-sitter (à l'espérance de vie très réduite du fait des superpouvoirs du bébé). Docteur Professor a été exclu de la NASA. Dave & Craymok glandent devant la télévision.



Star Grass continue de travailler pour la NASA et de mener des opérations coups de poing contre les astro-fermiers qui transforment leurs silos en fusées spatiales. Sur une autre planète, King Tiger eating a Cheeseburger a appris la mort de son fils dans un accident de navettes spatiales causé par Docteur Professor. Il décide d'envahir la Terre pour venger son fils Prince Tiger eating a Cheeseburger.



Le premier tome de la série avait donné le ton : un humour de tous les moments puisant sa source dans l'absurde et le loufoque, avec un peu de parodie, et un peu de comique en dessous de la ceinture. L'auteur n'a pas mis d'eau dans son vin (ou dans ce à quoi il carbure) et les zygomatiques du lecteur sont fortement sollicités. Il est pratiquement impossible de rendre compte des différents comiques présents. Cela commence par l'apparence des personnages. Star Grass dispose d'un corps de superhéros bodybuildé, avec une tête spectrale de vache, sur laquelle est greffé un dispositif technologique ayant pour fonction de contenir ses instincts de ruminant. Browne le présente de manière concrète induisant un humour visuel quant à ce superhéros improbable aux caractéristiques enfantines. Cela induit une forte dérision quant aux superhéros, mais aussi au personnages lui-même.



Ryan Browne développe les différents axes comiques de Star Grass, avec une séquence dans laquelle son modérateur bovin dysfonctionne, ce qui provoque en lui un changement comportemental amusant. L'auteur pousse la logique jusqu'à la zoophilie (suggérée), autre forme de comique également utilisée pour les relations irrésistibles entre un fermier et une poule qu'il a appelée Hennifer. Browne ne se contente pas d'aligner les blagues de nature (ou plutôt de contre nature) sexuelle, puisque ces comportements ont une incidence sur l'intrigue. Ce n'est donc pas juste un humour de surface, mais bien une composante légitime de la narration



Ryan Browne joue donc sur l'apparence des personnages de manière primaire. Ainsi Anti-Mugger (une sorte de Batman au rabais) dispose d'un troisième bras qui sort au niveau de la poitrine. Il n'y a aucune logique morphologique (articulation, troisième épaule, musculature, ou respect du centre de gravité de l'individu pour son équilibre). Il le représente de manière infantile, comme un troisième bras collé sur la poitrine d'un individu normal. Il utilise cette approche comique également pour The Impossible dont le visage est à l'envers (le menton en haut de la tête et le front en bas, sans aucune préoccupation de plausibilité ou de logique physiologique), ou encore pour une étrange caissière avec 12 seins. En fonction de la sensibilité du lecteur, il pourra trouver ces aspects visuels trop délire, ou trop premier degré.



Par contre l'inventivité de l'auteur est indéniable et épatante. Pour les besoins de la narration, il introduit un nouveau personnage appelé 3-D Cowboy dont la fonction est de briser le quatrième mur en s'adressant au lecteur, sans participer à l'intrigue. Il a choisi un mode de représentation des plus agaçants, en délimitant son contour de petit fantôme avec un stetson, par le biais d'une ligne rouge et d'une ligne bleue côte à côte. L'œil du lecteur est immédiatement attiré par cette présence irritante, fausse 3D, très pénible à regarder de près car brouillant la vision avec son double contour. D'un autre côté, c'est une idée où le fond se marie avec la forme, puisque ce personnage supposément en 3D (un faux relief) dispose d'une existence au-dessus des personnages 2D, dans une relation plus directe avec le lecteur.



Le comique se niche également dans les noms des personnages, là aussi avec une approche très littérale comme Anti-Mugger (l'anti-voleur à la tire) ou les Power Persons Five (un intitulé descriptif, sans effort pour en mettre plein la vue). Ryan Browne pousse sa logique jusqu'au bout, en désignant les extraterrestres par leur fonction, à commencer par le roi mangeant un cheeseburger. À nouveau le lecteur peut trouver ça particulièrement idiot (presqu'une insulte à son intelligence), ou y voir une évocation de l'usage du langage qui désigne les choses, sans pour être les choses qu'il désigne (soit une réflexion philosophique sur le langage en tant qu'outil imparfait). Ces fluctuations entre humour primaire et ironie philosophique peut déstabiliser, par contre elles participent à la verve de l'auteur. De temps à autre, le lecteur prend conscience de l'énormité de ce qu'il est en train de lire, pourtant parfaitement intégré dans la logique de la narration. Ainsi il s'amuse à voir 2 animaux anthropomorphiques en tenue de cosmonaute sur la Lune en train de jouer au golf et envoyant valdinguer par inadvertance un crabe extraterrestre vers une armada de ses congénères se dirigeant vers la Lune (et tout ça ne seulement 2 pages).



Ce créateur utilise également les habituels bruitage des comics pour un effet à double niveau : premier degré, et dérision. Le lecteur constate que Browne rajoute des bruits, non pas sous forme d'onomatopée, mais sous forme de mots qui expliquent ou qui décrivent l'onomatopée qui auraient dû s'y trouver. D'un côté, il semble prendre son public pour des idiots, en insistant par une expression superfétatoire ; de l'autre il tourne en dérision ces bruitages en s'en moquant. À nouveau ce dévoiement d'un artifice narratif traditionnel dans les comics peut agacer pour sa nature trop littérale, ou au contraire enchanter quand la dérision est atteinte (une petite case avec un rond sur lequel est marqué Terre, avec des proues de vaisseaux spatiaux tout autour).



Ryan Browne ne se gêne pas non plus pour inclure des parodies de stéréotypes de superhéros, très pertinentes sans pour autant en abuser. La tonalité reste globalement dans le récit d'anticipation avec attaque extraterrestre. Néanmoins, sa manière de montrer le danger représenté par un super bébé évoque la question cruciale du moment auquel Clark Kent a commencé à disposer de superpouvoirs. Si c'était pendant l'enfance, il y a fort à parier que ses colères non maîtrisées auraient été une source de destruction massive pour ses proches et son environnement immédiat.



Comme dans le premier tome, le lecteur découvre que Ryan Browne a conçu une véritable intrigue dans laquelle les éléments comiques s'intègrent pour la nourrir. Ainsi, Bill (Star Grass) continue d'avoir des difficultés relationnelles avec Shelley son épouse. Docteur Professor ne parvient pas à reconstituer sa crédibilité. Chaque personnage est confronté à un problème personnel. L'intrigue débuté dans le premier tome se poursuit, qu'il s'agisse de la dissolution du groupe des Power Persons Five, de la lutte contre les astro-fermiers illégaux, ou encore des conséquences de la mort présumée de Prince Tiger eating a cheeseburger. Les éléments comiques absurdes fonctionnent d'autant mieux qu'ils s'appuient sur une intrigue en bonne et due forme, avec des enjeux pour les personnages et pour la race humaine.



Le tome se termine avec 5 épisodes de 2 pages, consacrés à The Impossible, écrits par Ryan Browne, dessinés et encrés par Alejandro Bruzzese. Les dessins sont plus simplifiés et le format n'est pas suffisant pour que l'absurde des situations puisse s'épanouir. Il y a également 8 couvertures variantes, certaines réalisées en collaboration, par exemple avec Geoff Darrow, Paolo Rivera, Chris Burnham et Nick Pitarra. La première est une parodie sur la base de la couverture du premier numéro des Youngblood de Rob Liefeld. Alors que ce dessin était déjà parodique dans son exagération, Browne réussit l'exploit d'y ajouter une couche supplémentaire de dérision moqueuse.



À l'instar du premier tome, le lecteur ressort du deuxième lessivé, épuisé par un récit dense, pas toujours convaincu par l'humour omniprésent, mais emporté par un abattage incessant, une inventivité délirante, et une impossible cohérence narrative, malgré le délire omniprésent.
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God Hates Astronauts, tome 1 : The Head Tha..

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il regroupe les premiers épisodes publiés en tant que webcomics. Il a été écrit dessiné et encré par Ryan Browne. Il comprend une histoire principale d'environ 80 pages (en couleurs), une introduction de 2 pages Ryan Browne. Il y a également les origines de 18 personnages (chacune racontée en 2 pages) dessinées par différents artistes, 22 pinups pleine page réalisées par différents artistes, ainsi que les 2 comics réalisés en 24 heures chacun par Ryan Browne, en noir & blanc. La série a depuis été rééditée par Image Comics qui a également publié le tome 2 : A star is born.



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- The head that wouldn't die (histoire principale) – John L. Sullivan (un ancien champion de boxe, doté de superpouvoirs) a réussi à éduquer sa brigade d'ours et s'apprête à se déchainer contre le monde entier. Heureusement le groupe de superhéros Power Persons Five sont prêts à intervenir. Il se compose de Star Fighter (Bill), Starrior (Shelley), The Impossible (Janet), The Anti-Mugger (Dave) et Craymok. Malheureusement pendant l'affrontement qui s'en suit, Sullivan pulvérise en petits morceaux le crâne de Star Fighter. Heureusement celui-ci est immortel, mais son crâne reste morcelé, tout mou, et sa tête a en conséquence quadruplé de volume.



Malheureusement John L. Sullivan n'est pas mort, et il va revenir. Malheureusement Shelley (Starrior) ne peut plus supporter les attouchements de son mari Bill (Star Fighter) et le trompe avec Texas Tom. Heureusement, Star Grass (la vache fantôme de Texas Tom) prend Bill en amitié.



Il faut un peu de temps pour prendre conscience qu'il s'agit d'un récit parodique, où l'humour est la composante principale sous de nombreuses formes. La séquence d'ouverture montre un supercriminel aux pouvoirs assez flous, des superhéros dont un avec un costume étrange (un simple slip avec des bottes et un masque). Le récit commence à surprendre avec Sullivan massacrant la tête de Star Fighter pendant les 16 cases d'une page. Il devient parodique quand Texas Tom explique que sa vache fantôme le suit partout et l'empêche de disposer d'intimité pour faire la bête à deux dos avec de gentes dames. À partir de là, le lecteur pénètre dans une autre dimension.



Ryan Browne construit son récit sur 2 axes principaux : quelques supercriminels pathétiques et incompétents malgré leur force réelle, et les relations entre les personnages qui relèvent de la comédie de situation. Bill (Star Fighter) est légèrement imbu de lui-même, sûr de ses capacités de chef de groupe, amoureux de sa femme, un peu soupe-au-lait, pas toujours très futé. Les autres membres des Power Persons Five ont des superpouvoirs improbables, et des personnalités aux caractéristiques étranges. Il est régulièrement question de pulsion sexuelle, et le différend entre Bill et Shelley se termine devant le juge pour un divorce qui s'annonce douloureux.



Ryan Browne emploie différents types de comique, sur un rythme soutenu. Cela commence avec l'apparence de 2 des superhéros : The Impossible avec son visage à l'envers (la bouche en haut et les yeux en bas), et The Anti-Mugger (habillé de son seul slip, un costume inversé de celui de Batman). Cela continue avec le visage incroyablement enflé de Star Fighter, une vision qui mélange absurde, ridicule et horreur.



Le manque de maturité émotionnelle de quelques personnages permet également de jouer sur le registre de la comédie de mœurs. Ryan Browne inclut quelques blagues référentielles liées aux comics. À ce titre, l'origine secrète de The Anti-Mugger évoque celle de Batman (avec les parents assassinés en sortant du cinéma), avec bien sûr un détournement parodique qui respecte la logique de cette origine mythique. Il y a également plusieurs superpouvoirs parodiques, à commencer par Gnarled Winslow qui a 2 bras de gorille greffé à la place de ses bras d'origine.



Ryan Browne joue également avec l'absurde. Il l'emploie avec dextérité, l'intégrant à la logique narrative du récit. Dans la mesure où tous les personnages peuvent présenter des caractéristiques délirantes, le lecteur apprécie à sa juste valeur ce greffier de tribunal qui est une momie. L'auteur n'hésite pas non plus à se moquer des appellations ronflantes de certains superhéros, avec un personnage qui s'appelle Docteur Professeur (une association de mots dépourvue de sens).



Il est impossible de rester insensible à cet humour omnidirectionnel qui tape parfois en dessous de la ceinture, mais qui respecte toujours la direction principale de l'intrigue et qui en fait partie intégrante. À chaque page, le lecteur se laisse surprendre par cette narration qui se joue des clichés et des stéréotypes. Il ressort parfois de quelques séquences un peu épuisé par leur densité et leur loufoquerie.



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- Les origines secrètes de 18 personnages – L'imagination et la capacité de parodie de Ryan Brown sont inépuisables au travers des courtes pastilles référentielles, qui font toujours mouche, certaines drôles, d'autres irrésistibles. Les artistes sont tous différents. L'amateur de comics reconnaît plusieurs noms d'artistes indépendants, comme Tom Scioli, Jenny Frison, Tim Seeley, Tradd Moore, ou encore Riley Rossmo. Le lecteur est emporté par un tourbillon très rapide d'origines toutes aussi loufoques les unes que les autres, avec une grande variété d'approches graphiques. 4 étoiles.



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- 22 pinups – L'intérêt de ces dessins pleine page est assez réduit, les dessinateurs n'arrivant pas à capturer la folle absurdité de Ryan Browne. Le lecteur curieux reconnaît à nouveau plusieurs noms d'artistes connus : Mike Norton, Ryan Stegman, Chris Burnam, Nick Pitarra.



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- 24 hour comics – Il s'agit à chaque fois d'un épisode qui se lit très rapidement, plus intéressant pour montrer un versant moins peaufiné de la série, que pour leur valeur narrative.
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The Manhattan projects, tome 2 : Leur règne

Mais quel plaisir de se laisser glisser dans cet univers vraiment déjanté, où tout est vraiment possible, sans aucune concession, sans tabou !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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