Sabine Duflo

Début octobre 2018, j’ai assisté à une conférence du Dr Anne-Lise Ducanda qui fait partie du même collectif contre la surexposition aux écrans (COSE) que l’auteur de ce livre, Sabine Duflo. Elle a montré un certain nombre de vidéos d’enfants qui m’ont fait froid dans le dos, des petits (y compris des nourrissons) quasiment lobotomisés par les écrans. Durant ma carrière d’enseignante dans le secondaire, j’avais pu constater les divers effets nocifs de trop de temps passé devant les écrans, mais je n’imaginais pas l’ampleur du désastre!

En effet, les enfants d’aujourd’hui vivent, dès leur plus jeune âge, entourés d’écrans (TV, PC, tablette, téléphone portable, certains jouets), ce qui a des effets délétères sur leur capacité d’attention, de concentration, leur langage et leur relation avec le monde qui les entoure. A tel point que les symptômes induits sont tout à fait comparables à ceux de l’autisme.

Non seulement de nombreux parents et praticiens ne voient pas le danger, mais de plus, ils favorisent l’accès à ces technologies, convaincus de leurs bienfaits en matière d’éducation et que cela leur ouvrira les portes de l’emploi. Mais ceux qui sont conscients des dangers, qu’ils soient parents ou professionnels, sont souvent déroutés et se sentent impuissants.

Sabine Duflo, psychologue, pousse avec ce livre un cri d’alarme à propos de cette surexposition aux écrans, car il s’agit pour elle d’un enjeu de société et de santé publique. Non seulement elle souligne la neurotoxicité des écrans, mais elle alerte également parents et pouvoirs publics sur un autre aspect désastreux, à savoir la violence subie voire l’incitation à la violence, car les contenus télévisuels auxquels les enfants ont accès (même lorsque les jeux vidéo par exemple sont interdits aux mineurs!) sont inadaptés. Il peut s’agir de violence physique, mais également de pornographie. Il est bien dommage que la découverte de la sexualité se fasse via le porno.

Cette violence audiovisuelle modifie le comportement du joueur ou spectateur, bouleverse son psychisme et l’habitue à l’association violence = récompense = plaisir, après avoir suscité peur et angoisse et avant d’y devenir accro, réclamant des doses toujours plus fortes, car il s’agit bel et bien d’une addiction. Ce qui est grave dans le jeu vidéo (plus que dans un film), c’est que le joueur est acteur, il « tue » virtuellement pour gagner !

Pour terminer sur une note positive, j’ajoute deux points : tout d’abord, si le trouble est pris en charge précocement, il est réversible, à condition de changer totalement ses habitudes ; en effet cela passe obligatoirement par la suppression ou du moins la réduction drastique de l’exposition aux écrans. Cependant, si celle-ci est précoce et intense, l’addiction est plus difficile à soigner.

Pour aider les parents, Sabine Duflo a créé la méthode dite « des quatre Pas » : PAS d’écrans le matin, PAS d’écrans durant les repas, PAS d’écrans avant de s’endormir, PAS d’écrans dans la chambre de l’enfant. Ceci limite très fortement le risque d’addiction d’une part, et aide d'autre part l’enfant à développer son langage, sa pensée, son imagination, sa capacité à être seul, son autonomie et sa capacité à faire la distinction entre le réel et le virtuel. Les relations familiales y ont aussi tout à gagner.

Une lecture que je vous recommande très vivement !