Cela lui fit froid dans le dos de savoir que l’humain pouvait se transformer en loup uniquement parce que l’on avait été, dans sa vie, martyrisé.
Finalement, c’étaient alors d’autres monstres, bien intégrés socialement dans la société, passant pour des personnes bien sous tous rapports, qui transformaient les humains en loups.
Il entendait ses os craquer, ses dents éclater, ses yeux exploser, son sang gicler à chaque coup. Il cessa, lui enleva le bâillon et écouta son agonie, sa douleur intense. Il la regarda se tordre et agoniser pendant des heures. Puis, dans un râle, elle perdit la vie. Il l'attacha sur son lit, les bras en croix, le visage tourné vers Jésus-Christ.
La voix lui demanda de la tuer. Et pour une fois, il n'essaya pas de lui résister, espérant que sa mort lui permettrait de ne plus vivre ce cauchemar. Il espérait que cela fasse cesser la voix, car elle, et elle seule, était responsable de ce qu'était devenu Édouard.
Édouard était donc libre, libre d'être cruel, libre de tuer à nouveau. Libre...
Yves sortit bouleversé par ce qu'il avait perçu de la souffrance de cette femme, encore présente, restée intacte, momifiée dans un coin de sa mémoire.