Dix ans se sont écoulés depuis le 11 mars 2011. Les villages côtiers emportés par le tsunami, les réacteurs qui crachent des champignons atomiques et les hommes qui effectuent des missions létales en combinaison de protection ont laissé place aux piles infinies de sacs noirs, aux animaux domestiques errant dans la campagne déserte et aux examens médicaux pour les enfants. Le cataclysme est venu s’intégrer à la reconstruction des appareils capitalistes et étatiques, alors que les terres contaminées par les retombées radioactives étaient laissées à l’abandon, et que les zones irradiées tendaient même à s’étendre en suivant les imprévisibles mutations des activités vitales. Par sa durée autant que par son étendue, la catastrophe nucléaire de Fukushima apparaît comme la quintessence d’un monde dystopique.