A l'occasion du 14 juillet 2022, j'ai écrit une lettre ouverte au président Emmanuel Macron. […] Je lui ai rappelé que, citoyen français, j'étais pour la troisième fois enfermé dans les prisons d'une force occupante sous le régime de la détention administrative, sans inculpation ni procès. Je me suis permis de souligner que son sens de la justice était à géométrie variable : pourquoi défendre si clairement le peuple ukrainien (…) mais ne pas faire de même pour le peuple palestinien ? Pourquoi traiter [l'entité sioniste] comme un Etat au-dessus du droit international ? (p. 112)
Juste après ma sortie de prison en 2011, le vice-consul de France à Jérusalem a insisté pour m'accompagner à un interrogatoire. […] Il est donc passé me chercher avec sa belle voiture blindée et son garde du corps. Et quand on est arrivés à Qalandiya, il a fallu passer les vérifications. Je connais bien le système de la fouille israélienne, il est partout le même que ce soit en prison, aux barrages ou ailleurs. Ça ne me prend que quelques secondes pour me déshabiller, (…) mais un vice-consul ne connaît pas tout ça. Le soldat lui a secoué son arme sous le nez en criant : « Allez monsieur, toi aussi tu te déshabilles ! » Il était très contrarié. […] C'était nouveau pour lui. Les diplomates connaissent la situation des Palestiniens en théorie, mais ils ne la vivent jamais eux-mêmes. Ensuite, à chaque fois qu'on s'est rencontrés, il me reparlait de la fouille au barrage. (…) Pour lui, ça avait été une expérience mémorable, alors que c'est la vie quotidienne des Palestiniens. J'avais envie de lui répondre : « Franchement, tant que vous fermerez les yeux sur l'occupation et que vous traiterez [l'entité sioniste] comme vous les faites, vous méritez d'être traités comme sont traités les Palestiniens ! » (p. 94-95)
[Un des chefs de la prison de Hadarim, qui lié aux services de renseignements], m'a prévenu que si je continuais [ma grève de la faim] je serais puni, que je n'aurais plus droit aux visites ni à la cantine, rien. Mais que si j'acceptais de signer un papier dans lequel je m'engageais à partir en France, tous mes problèmes seraient résolus. Je lui ai répondu que lorsque lui et sa famille seront repartis au Maroc, j'étudierais peut-être sa proposition d'aller en France. Il est retourné fâché dans son bureau. (p. 114)