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Citation de Danieljean


Un gentilhomme, grand seigneur, ayant été absent quelque temps de chez lui, s’en alla voir sa femme qui était jeune, belle et plaisante. Pour y être au plus vite, il prit la poste à environ deux jours de sa maison, et y arriva tard, sa femme étant déjà couchée.
Il se met auprès d’elle qui se réveilla tout aussitôt, bien joyeuse d’avoir compagnie, et s’attendant à recevoir son petit picotin pour le moins. Mais sa joie fut courte car le sire se trouva si las et si épuisé de sa course que, quelque caresse qu’elle lui fît, il ne peut se mettre en devoir de la satisfaire, et s’endormit sans rien faire, ce dont il s’excusa ainsi :
— Ma mie, dit-il, le grand amour que je vous porte m’a fait hâter ma venue et je suis venu en poste tout le long du chemin ; vous m’excuserez pour cette fois.
La dame ne trouva pas l’excuse à son gré, car on dit qu’il n’est rien qu’une femme trouve plus mauvais, et non sans raison, que quand l’homme la met en appétit sans la contenter. L’expérience a souvent montré qu’un amoureux qui a longtemps poursuivi une dame, s’il arrive qu’elle se décide soudain à l’agréer, et que lui se trouve si surpris qu’il reste impuissant, parce que trop épris ou trop craintif, ou pour quelque autre problème, il ne retrouvera jamais l’occasion ou ce sera miracle. Toutefois notre dame prit patience, de bon gré ou plutôt de force, et elle n’obtint rien de plus pour cette nuit.
Le lendemain matin, elle se leva et laissa monsieur se reposer. Au bout d’une heure ou deux, il voulut se lever, et en s’habillant il se met à la fenêtre qui donnait sur la basse-cour, madame auprès de lui. Il avise un coq qui bécotait une poule, puis la laissait, puis revenait la caresser, et cela à maintes reprises, et sans jamais aller plus avant.
Monsieur qui le regardait faire, se fâcha et dit :
— Voyez ce mauvais coq, qu’il est lâche ! Il y a une heure qu’il est là à bécoter cette poule, et il n’arrive à rien. Qu’on le remplace par un autre !
Et la dame de répliquer :
— Eh monsieur, pardonnez-lui. Peut-être qu’il a couru la poste toute la nuit.
Monsieur à ces mots se tut, et n’en parla plus, sachant bien que c’était à lui que l’épigramme s’adressait.
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