Si beaucoup de choses ont été écrites à propos de « l’affaire Polanski », aucune ne l’a été par moi, la première personne concernée. Beaucoup d’années se sont écoulées ; le moment est venu. J’ai eu tout le temps d’enrager, de rire, de m’étonner sur ce que les gens disent et pourquoi ils le disent. D’une certaine façon, je souhaite me réapproprier mon histoire, la reprendre à ceux qui la commentent depuis si longtemps sans qu’on le leur reproche. Car mon histoire n’est pas uniquement constituée d’horreur pure. Elle est folle et triste oui, mais parfois drôle, aussi. Elle a quelquefois été confuse, cependant c’est mon pétrin, et je le récupère.
Ce n’est pas une bonne idée de demander aux gens de se poser en victimes car, une fois qu’ils l’auront fait, ils se sentiront comme telles dans tous les aspects de leur vie.
Je m’étais sentie mal durant de nombreuses années en Californie, en particulier à Los Angeles. Là-bas, pour certaines personnes, la célébrité n’est pas seulement quelque chose qui compte ; c’est quelque chose d’essentiel. Dès lors qu’une personne connue était concernée par une affaire quelconque, les émotions étaient donc décuplées. Par adulation, certes, mais aussi par envie de punir.
Dans la nôtre, à cette époque, cette tendance était presque devenue la norme. Brooke Shields avait posé nue à l’âge de dix ans et, à douze, elle tenait le rôle principal de La Petite17, un film sur une enfant prostituée qui ne pourrait probablement pas être réalisé de nos jours.
Le système judiciaire a vocation à protéger les victimes et la société des criminels.
La justice a pour mission de punir les criminels.
Personne n’aime imaginer sa mère être embrassée, alors que dire du reste...
A l’image de ses politiciens et de ses guerres, la société a les adolescents qu’elle mérite.