C'était une excellente créature, haute de 1m82, assez jolie, forte comme une girafe et excellente cuisinière.
Après avoir suivi la troupe sur un terrain glissant et couvert de hautes herbes, ayant fait un mille sans résultat, je revins à mon gibier. C'était mes premières girafes; je les admirai avec tout l'orgueil, toute la satisfaction du chasseur; mais il se mêlait à ma joie un sentiment de pitié pour ces créatures si belles et si complétement inoffensives. Qui n'a vu la girafe que sous un climat froid ne se fait pas idée de sa beauté. Sa robe soyeuse a des reflets changeants, suivant la façon dont elle s'éclaire, et ses yeux sont l'exagération ou plutôt le développement de ceux de la gazelle.
Les femmes, généralement fort laides, sont d'immenses créatures, très robustes, pourvues de membres gigantesques et atteignant 1 mètre 70.
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Tandis que chez nous une famille de filles charmantes est ruineuse, en raison même du nombre dont elle se compose, ici les filles sont une valeur. Les frais de leur toilette sont nuls, et chaque femme jeune et vigoureuse est payée dix vaches à son père. Cependant les Latoukiens tiennent plus à leurs vaches qu'à leurs femmes.
Je me rendis donc au divan et demandai qu'on appliquât à Mohammed Her la peine du fouet.
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Après la cinquième douzaine, le malheureux se pris à hurler en demandant grâce.
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Je priais cependant Omer-Bey de limiter le châtiment à 150 coups et d'expliquer publiquement au coupable, en plein tribunal, que cette punition lui avait été infligée pour avoir essayé de faire manquer l'expédition d'un voyageur anglais en excitant ses gens à la révolte.
A mes questions touchant l'utilité de son bracelet à pointes de fer, il répondit en me montrant le dos et les bras de son épouse tout couturés de cicatrices. Quels aimables gens que ces pauvres noirs! comme disent les négrophiles anglais. Mon chef était tout fier d'avoir déchiré la peau de sa femme comme une bête féroce. En vérité, mon singe a l'air d'un être civilisé comparé à ces sauvages cruels.
Quelle que soit l'antiquité que l'on attribue au nègre, il faut bien admettre qu'il est demeuré inférieur aux autres races humaines, car il a fait en civilisation moins de progrès même que les Polynésiens. C'est ainsi qu'il n'a jamais su que tuer et dévorer l'éléphant, tandis que depuis un temps immémorial l'Asiatique a su s'en servir utilement.
Mais le soleil revient; la plaine est sans limite; toujours du sable qui étincelle, des rochers qui s'embrasent. Aux rayons dévorants se joint l'haleine absorbante du simoun; le bois est tordu, l'ivoire se fend, le papier se brise dès qu'on le froisse; la moelle des os se dessèche; les outres sont vides.
Malheureusement, le dévouement des missionnaires n'avait eu aucune influence sur les sauvages.
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"J'allais, dit sir S. Baker, voir le tombeau du courageux Européen qui avait sacrifié sa précieuse vie pour un être aussi méprisable qu'un nègre couard."
Les autorités égyptiennes avait, disaient-on, reçu des gouvernements européens, l'ordre de supprimer la traite des nègres.
Le 15 avril 1861, sir S. Baker, en compagnie de sa femme, partit du Caire pour remonter le Nil.