Je m'arrête un moment, comme d'habitude, pour feuilleter les livres à la librairie Fontaine qui pose ses tréteaux là, dans la rue, devant le magasin, à côté des tomates et des artichauts. Puis, pensif, mon regard s'arrête plus que de coutume sur des tranches de pastèque d'un rose anémique, piteusement enveloppées de plastique transparent. La pastèque me fait toujours penser aux grandes chaleurs roumaines de mon enfance.
(p. 103)
Cette incursion austro-hongroise dans notre cuisine s'ajoutait à une longue liste d'autres influences qui ont inspiré, donné corps à notre culture culinaire tout au long de son histoire, pour aboutir à l'incroyable richesse de ce "bouillon de cultures" : la turque, la russe, la grecque, si je ne devais citer que les principales, sans oublier non plus l'influence française qui n'était pas des moindres.
P. 119 & 120
Quant à l'autre péché, pratiqué plus sournoisement, et c'est pour cela que nous l'ignorâmes pendant longtemps, il s'agissait de ce que nous, les Roumains, appelons avec compassion et compréhensive tendresse à l'égard de ceux qui en sont frappés, «le don de la boisson». Oui, Esti était en effet possédée par ce «don». En d'autres termes, elle buvait en douce. Et pas n'importe quoi : du «raide», de l'alcool fort. De la tsuica, alcool de prunes qui atteint les soixante degrés.
P. 32