Citations de Sandra Demontigny (20)
On dit souvent que les enfants ne viennent pas au monde avec un manuel d’instruction. C’est vrai. Et même si ce manuel existait, je ne pense pas que les auteurs auraient pensé à écrire ce chapitre-là : « Comment fait-on pour accueillir avec la bienveillance nécessaire la peine de son petit homme alors qu’on sait pertinemment que rien ne pourra jamais le consoler ? »
Quand je ressens de la peur, c’est accompagné d’images, comme si je me regardais être malade, désorganisée et méfiante. Je ressens la peur comme de l’anxiété, mais c’est plus prononcé et étendu dans tout mon être.
J’ai peur que les gens autour de moi se poussent. Qu’ils s’écœurent de m’entendre parler de ma maladie et de mon vécu ; qu’ils se sentent mal à l’aise face à la situation et s’éloignent ; qu’ils choisissent de se protéger le cœur devant ces épreuves trop demandantes. (Et je ne pourrais pas leur en tenir rigueur… malgré ma peine.)
J’ai peur de la mort. Vraiment. Je chasse rapidement cette idée quand elle arrive.
Je me suis découvert une passion : raconter mon histoire, mon vécu actuel, mes peines, mes colères, mes galères, mes joies, mes peurs, mes questionnements, mes processus, sans aucun jugement, sans filtre, sans grande réflexion. Juste de l’instinct. En provenance de mon cœur. Mettre des mots sur tout ça, ça fait tellement de bien. J’en sors chaque fois plus sereine.
J’ai beau avoir l’air d’une femme comme une autre, je suis atteinte d’une maladie qui affecte le cerveau. Et mes collègues le savent. Je peux comprendre qu’elles voulaient, consciemment ou non, veiller à la qualité de mon travail. C’est louable. Nous avions devant nous une situation atypique, rare, triste et déconcertante. Nous aurions bien pris un manuel d’instruction !
Comment faire pour avoir confiance en l’avenir ? Se dire ça, dans ma situation, c’est mentir. C’est me mentir. C’est de l’hypocrisie, du déni, de l’hérésie.
Les paroles du chanteur Alexandre Poulin me reviennent souvent en mémoire : « Faut commencer par faire le vide pour espérer refaire le plein. »
Oui, j’avais besoin de faire le vide. Besoin de laisser se libérer toute cette colère qui m’habitait, besoin de calmer mes peurs (qui peuvent parfois être très envahissantes !). Depuis des mois, j’étais clairement en overdose de cortisol. Pas bon, ça, pour mon cerveau.
Voir les yeux de ma mère briller de fierté, c’était magnifique. Un regard que j’ai interprété comme « la satisfaction du devoir accompli ». Ses deux enfants, avec les conjoint/conjointe, et ses cinq petits-enfants.
Elle était tellement belle. Elle avait lissé ses cheveux blonds. Elle avait choisi un rouge à lèvres rouge qui lui donnait un si bel éclat. Et bien sûr, elle arborait plusieurs de ses magnifiques bijoux en or. C’était son péché mignon assumé !
Ceux qui me connaissent savent que je suis une personne positive. Je m’émerveille devant absolument tout ce que la vie m’offre : les câlins de mes enfants et les moments de complicité avec mon homme, les caresses de mes chats, la renaissance de mes fleurs qui poussent au printemps, le chant des oiseaux, le bruit de ma rivière lorsque je m’endors… La liste est sans fin !
Parce la vie ne sera pas plus belle si je me morfonds. Et si je me morfonds pour une chose sur laquelle je n’ai aucun pouvoir, ça peut juste m’amener de la tristesse, de la colère ou de la mauvaise humeur. Ou, dans le pire des cas, tout ça en même temps. Ce qui n’aidera pas mon moral à se relever.
Je t’invite à lire ces sages paroles de Victor Hugo, le cœur et le cerveau bien ouverts : « Les amis sont des anges silencieux qui nous remettent sur nos pieds quand nos ailes ne savent plus voler. »
Les gens qui me connaissent bien vous le diront : pour moi, tout le monde est beau, tout le monde est gentil. Je dois toutefois vous avouer qu’à ce moment-là j’ai déchanté.
Je ne me souviens pratiquement pas de mon enfance. Sauf par ce que je vois sur des photos. Mon senti, mes joies et mes peines, c’est du néant, ou presque. Je n’arrive pas à me revoir courir, jouer, pleurer. Je ne me souviens plus des ressentis. Sauf en de rares exceptions.
Je suis une naïve de première. Pour moi, tout le monde est beau et gentil. J’ai toujours été comme ça. C’est naturel, je ne me force même pas. J’ai de la difficulté à accepter que certaines collègues, que je considère comme des amies, n’aient pas su agir de façon plus transparente. C’est comme ça que je l’ai vécu.
Les gens atteints de maladies dégé-nératives devraient pouvoir signifier leurs volontés anticipées avant de ne plus être capables de le faire. Sous une forme légalement acceptée. Et nous en avons jasé en masse. L’attaché de Mme McCann, Alexandre Lahaie, s’est joint à la discussion. Nous avons discuté du vieillissement de la population québécoise et de l’expérience de pays européens en matière d’aide médicale à mourir et de suicides assistés.
Malgré la douleur et l’anxiété qui me rongent l’intérieur. Malgré la peur qui revient toujours. Il faut continuer de vivre. Parce que. Pour mes enfants, mon homme, mi familia. Et pour moi. Parce que je veux vivre ! J’aime la vie mais là, j’ai de la difficulté à surmonter mes idées négatives. Si je veux être présente pour mes proches, je dois d’abord être capable de me gérer. Moi avant tout. Ben oui, ça a l’air évident. Mais je vous jure que ce morceau-là est le plus difficile à intégrer.
Dans une société d’apparences et de réussites, il est devenu simplement impensable d’abandonner sa route pour bifurquer et prendre une pause éternelle. Pourquoi en finir, alors que d’autres se battent jour et nuit pour s’accrocher à la vie ? Une telle vérité se voit dure à avaler mais, pour certains, s’acharner à garder les yeux ouverts lorsque le monde n’est même plus beau à regarder est aussi ridicule que de mettre fin à une existence pleine d’espoir et d’avenir. Mais, au final, je ne t’en veux pas ; sans rancune.
Je suis une femme qui s’émerveille constamment. C’est vraiment long, prendre une marche avec moi ! J’arrête pour regarder pousser les fleurs, j’admire les oiseaux et les belles maisons. Il y a tellement de beauté partout. Imaginez à quel point j’ai été gâtée en Italie. C’est encore plus beau que je l’imaginais. C’est grandiose !
J’ai vraiment peur de ne plus jamais être capable de pratiquer mon métier. Moi qui encourage les femmes à avoir confiance en leur corps, moi qui les rassure… Est-ce que je vais être encore capable de me sentir zen au moment d’une naissance ? Est-ce que je vais retrouver confiance mais il est remonté au-dessus du seuil critique.
Les enfants sont des enfants : ils apprécient la présence des autres petits amis, ils ne jugent pas (pas encore…).
En tant que sages-femmes, on faisait des suivis de maternité complets avec des femmes qui souhaitaient un accouchement naturel et on discutait amplement de l’intensité du travail, des sons, des processus physiologiques. Pas de tabou. Je dois avouer que depuis que j’ai accouché, les choses ont beaucoup évolué en obstétrique. Il y a maintenant de belles offres de cours prénataux et on nomme les choses correctement. L’arrivée d’Internet a aussi eu une influence, l’information est nettement plus accessible.