Sandy Mitchell

- Je sais qu'il a une certaine réputation de fier-à-bras, poursuivit Beije en ignorant complètement les réactions qu'il provoquait, mais l'idée d'un homme, quel qu'il soit, défaisant en combat singulier un membre des légions renégates est dure à accepter.
- Ce le serait en effet, répondis-je, si c'était le cas. Mais je peux difficilement m'attribuer le crédit des actions d'autres que moi. (Pas si ça risquait de se voir, en tout cas.) J'ai simplement échangé quelques passes avec ce type. Il a été mis à mort par mon assistant et deux escouades de nos soldats. Que je souhaite, d'ailleurs, voir recommandés pour une décoration.
Je fus récompensé par un champ de projection empli de signes d'approbation et de sourires en coin. C'était un truc qui m'avait toujours réussi, d'apparaître modeste quant à mon héroïsme supposé. Maintenant la légende allait grossir hors de toute proportion, jusqu'à ce que la moitié des soldats de la planète soient persuadés que je l'avais effectivement emporté sur un surhomme corrompu dans un duel à l'arme blanche. Les seules exceptions étaient, bien sûr, Asmar et Beije.
- Est-on même certain qu'il s'agisse bien d'un de ces maudits traîtres ? demanda Beije, agrippé à sa démonstration comme un kroot à un os et totalement incapable de s'apercevoir que, plus il essayait de saper la véracité de mon supposé exploit, plus il en consolidait l'existence dans l'esprit des autres. Ce n'était peut-être qu'un cultiste d'une stature exceptionnelle.