Sara Ann West

Il posa soudain ses lèvres sur les siennes. Sous le coup de la surprise, elle se laissa d’abord faire, quand elle tenta de le repousser, il resserra son étreinte et mit sa main contre sa nuque. A ce contact, tout son visage lui sembla s’embraser. Sans même se rendre compte de ce qu’elle faisait, elle glissa ses doigts dans l’épaisse chevelure d’ébène de Travis. Ses lèvres s’entrouvrirent sous la pression ardente des siennes. Lorsqu’elle sentit ses mains se poser sur l’échancrure de son chemisier et tenter d’en défaire le premier bouton, elle eut un sursaut de raison. Il fallait arrêter cela tout de suite ; sinon elle ne pourrait plus résister au désir qui l’entraînait vers lui.

Ce qui arrivait, ce qui allait arriver, allait de soi, comme le tonnerre après l’éclair.
Depuis cette nuit où il avait posé les mains sur sa taille pour l’empêcher de tomber, elle n’avait eu qu’un seul désir : le sentir à nouveau contre elle. C’était comme si les forces déclenchées par l’orage s’étaient emparées d’elle, avaient réveillé la flamme qu’elle avait tenté d’étouffer depuis tant d’années. Mais seul cet homme avait le pouvoir de le lui révéler

Pour reprendre en main son destin, elle avait dû faire des efforts terribles. Plus jamais elle ne voulait éprouver cette panique, cette souffrance qui s’était abattues sur elle le matin où, sur la table de la cuisine, elle avait trouvé ce message laconique, griffonné d’une écriture presque enfantine : « Pardonne-moi. Je n’en peux plus. Tout s’est passé trop vite, trop tôt. J

Ce n’était pas la première fois qu’elle rencontrait de riches célibataires, soi-disant à la recherche de la femme idéale et qui en profitaient pour attirer celles qui étaient assez naïves pour s’en croire l’incarnation possible.

Le chiffre quatre est un chiffre magique et rituel pour les Indiens. Si l’on vous pose une question quatre fois, par exemple, vous êtes obligé de répondre. S’il s’agit de quelque chose de grave, bien entendu.

Tout cela s’est passé il y a longtemps. Je n’aime pas parler du passé. Ce qui est fini est fini.