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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Un parfumeur, du fait de la nature odorante de ses créations et de leur vocation à vivre sur - et avec - des êtres humains, fabrique nécessairement quelque chose qui le dépasse. Qu'importe qu'on ait d'abord choisi un parfum en raison de ses qualités intrinsèques: par la relation intime qu'il entretient avec nous, il deviendra toujours quelque chose de plus grand que lui-même, enflera, gonflera, grossira du volume des souvenirs et des émotions qui se grefferont à l'intérieur de son odeur et vampiriseront peu à peu son identité " objective ". Rapidement, il deviendra impossible de démêler cette senteur de ce dont elle est devenue le synonyme pour nous, le signifiant du signifié. Voilà, sûrement, pourquoi on s'aliène à ce point aux parfums.
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Pour en revenir aux odeurs de règles, je mettrais ma
main à couper que, s'il nous était donné de les sentir dans un autre contexte, ou de vivre dans un monde on les menstruations ne seraient pas un tel tabou, nous ne jugerions pas indispensable de les recouvrir de ces parfums de jeune fille en fleur. Même si toutes ne sentent pas Le Carambar, même si certaines femmes exhalent peut-être des odeurs plus fortes, moins plaisantes (et encore: selon qui?), je ne vois pas comment on pourrait justifier que ce sang-là mérite qu'on lui impose un masquage olfactif, dans un monde où l'on ne s'offusque pas de choses autrement plus puantes et moins nécessaires que les règles des femmes qui, entre autres choses, nous donnent la vie.
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Nous percevons tous les odeurs à partir de notre histoire, de nos référents, de notre cartographie intime du monde. Et évidemment, aucune expérience n'est plus valable ou légitime qu'une autre. Que Dominique Ropion identifie une petite fleur originaire d'Asie du Sud-est grâce à l'image intérieure d'un vieux métro parisien, ça dit cela. En matière d'odeurs, il n'y a pas d'absolu. Elles.ne nous apparaissent qu'à travers les associations toutes personnelles dont nous les flanquons sans le savoir, et cela vaut autant pour les odeurs de la nature que pour celles, artificielles, qui peuplent notre quotidien.
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Faisant pivoter un carrousel posé à proximité d'une balance, elle me demande si je veux sentir l'opopanine. L'eau quoi? L'opopanine. Tu sais, l'accord ambré de Shalimar. Mon cœur fait un bond. Non, je ne savais pas. Enfin, j'ignorais qu'il avait un nom. Cet accord, c'est la clé de voûte du ius le plus célèbre de la maison, qui se trouve être mon parfum préféré au monde. Dans le flacon qu'elle a entre les mains sont mélangés les quelques ingrédients qui composent son sillage ambré, qu'on appelait « oriental " au temps pas si lointain où il était encore politiquement correct d'utiliser ce mot.
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Récemment, j'ai découvert un projet initié par deux soeurs, Jeanne et Elia Chiche, respectivement designer et parfumeuse: Olfacto gynéco. Leur ambition est d'inciter les femmes à se familiariser avec l'odeur de leur sexe-« encore source d'inquiétude et de stigmatisation », notent-elles par le biais d'ateliers et de discussions s'appuyant sur une palette de quinze molécules odorantes caractéristiques du microbiote génital.
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Alors que les mécanismes de la vision ou de l'ouïe n'ont plus de secrets pour la science, ceux de l'odorat résistent en partie à notre compréhension. Une énigme à résoudre, en plein milieu de la figure. Qu'à cela ne tienne! A l'heure où j'écris ces lignes, les chimistes s'accommodent de cette part de mystère et s'emploient malgré tout à tenter de découvrir des molécules odorantes intéressantes en assemblant leurs toutes petites briques, en reniflant le résultat et en soumettant à l'appréciation de parfumeurs celles qu'ils estiment avoir du potentiel. Tous espèrent une vraie découverte: à la fois intéressante d'un point de vue olfactif, sans danger d'utilisation, possible à fabriquer à échelle industrielle de manière pérenne,compétitive et durable. Ce qui fait quand même beaucoup de cases à cocher. Sur les milliers de nouvelles molécules < découvertes » chaque année, seule une petite poignée - à peine dix, dans les grandes années -répond à ces critères et est donc brevetée, fabriquée.utilisée et parfois vendue.
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Tenter de parler d'odeurs.nous amène souvent à constater notre impuissance. À sonder des fossés infranchissables entre notre expérience et celle des autres. Si l'on ajoute à cela l'immense subjectivité de la perception et de l'appréciation des odeurs, pas étonnant que ce sujet soit quasiment absent des discussions de la vie de tous les jours.
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Comment cette odeur *, provenant d'une fleur dont la culture se limite pourtant à quelques régions tropicales, peut-elle susciter un tel engouement, par-delà les frontières? Eh bien figurez-vous que le lait maternel contient une molécule à l'odeur proche de la vanille. En vertu de cette ressemblance, la vanille nous renverrait donc à cette nourriture originelle, ce qui, on s'en doute, est une association plutôt très positive pour l'immense majorité des êtres humains. Et même ceux qui n'ont pas été allaités sont envoyés en enfance, car elle parfume une quantité folle de produits destinés aux plus jeunes: yaourts.semoules, gâteaux, compotes, glaces et biscuits en tout genre, mais aussi poupées Corolle, pâtes à modeler et même, jusqu'à récemment, certains laits en poudre. Omniprésente, inévitable, la vanille est l'une des odeurs les plus saillantes de nos jeunes années. C'est la madeleine par excellence.

* La vanille
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L'avènement de la chimie de synthèse, vers la moitié du xix siècle, a constitué une révolution qu'on peine à s'imaginer. Tandis qu'elle bouleversait également la médecine, elle inaugurait l'ère de la parfumerie " moderne », qui se distingue précisément par le fait qu'elle mélange les essences naturelles que l'homme utilise depuis des millénaires avec ces fameux ingrédients issus de la synthèse. Parmi ces derniers, on compte aujourd'hui par dizaines les molécules dites " identiques nature » qui, comme la vanilline, sont des répliques exactes de molécules existant déjà par ailleurs. Citons par exemple la coumarine, qui donne à la fève tonka son odeur si caractéristique.entre amande amère et foin. Ou encore les ionones à l'odeur de violette. Mais la chimie de synthèse a aussi démultiplié le champ des possibles en permettant de créer de toutes pièces des molécules qui n'existaient pas dans la nature.
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Deux ans plus tard, la parfumeuse maison de Cartier, Mathilde Laurent, me parlerait de cette impression que je ne suis pas la seule à avoir: que les parfums ne sentent pas pareil sur moi que sur les autres. Face à ce constat, beaucoup de gens avancent des explications farfelues, du genre ma peau fait tourner les parfums. Mais la vraie raison, me soufflerait Mathilde, n'est pas à chercher du côté d'une quelconque bizarrerie épidermique. Non, elle tient au phénomène d'habituation olfactive déjà évoqué plus haut. Tout simplement: le temps que Shalimar arrive au stade " notes de fond » de son déroulement chronologique, c'est-à-dire quelques heures, mon cerveau a déjà commencé à le percevoir un peu moins.
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