« Notre groupe était tellement ironique, relate Bronson, que personne ne nous prenait très au sérieux, au Canada. Les gens disaient qu’on ne pouvait pas être un groupe et être artistes parce que les artistes ne travaillent pas en groupe. En Europe, au contraire, […] on a vite retenu l’attention. Comme personnages politiques, voire marxistes, parce qu’on agissait en groupe et de manière consensuelle, à cause des visées critiques de notre travail et, dans une certaine mesure, à cause du volet sexuel, je pense : sans être ouvertement gais, on était pour le moins sexuellement ambigus. » L’accueil de la critique internationale, dont les échos retentissent en Amérique du Nord, influe à son tour sur la façon dont le groupe conçoit son art.
L’œuvre de General Idea a attiré mon attention alors que j’étudiais en art à Kingston, quand j’ai appris que Le pavillon Miss General Idea 1984 avait été rasé par un incendie dans la ville même où je vivais. Le groupe a eu une incidence énorme, au Canada et à l’étranger, par son travail et les efforts qu’il a déployés pour donner forme à la scène artistique canadienne. Je m’intéresse en particulier à l’activisme du trio, à son utilisation de la culture visuelle pour critiquer les structures du monde de l’art et, surtout, à sa façon d’explorer les enjeux du sida.
« Nous voulions être célèbres, glamour et riches… » Dans son art, General Idea (actif de 1969 à 1994) incarnera et s’appropriera cette maxime, qui se veut une réflexion impertinente sur l’image publique conventionnelle voulant que l’artiste soit un génie solitaire. Composé d’AA Bronson, de Felix Partz et de Jorge Zontal, ce groupe adopte un « point de vue unique », formant une entité unie et sans hiérarchie.