Sarah Fay

Quand j’ouvre la porte de l’appartement, je m’attends à voir Lily en train de cuisiner l’une de ses tourtes à la viande, son plat favori. Je lui ai demandé de la goûter. Depuis, elle ne prépare que ça. Comme personne ne m’accueille, je prends la direction de la chambre à l’étage. Je retire ma veste, défais ma cravate, et dépose le tout avec soin dans le dressing. Je déboutonne les deux premiers boutons de ma chemise et roule les manches.

Les yeux que je perçois dans la glace de la salle de bain alors que je passe de l’eau sur mon visage sont particulièrement rouges. Je dirais même plus, ils sont dilatés. Je sais ce qui est en train de se passer et si je ne me contrôle pas, je sais aussi ce qui arrivera.

J’éteins à nouveau le téléphone pour me couper des nombreux appels de Père. Il doit avoir une urgence, mais mon urgence ne se trouve pas là. Je dois voir la seule qui pourra me calmer, ôter ce poids qui pèse dans mon estomac, qui apaisera ce moi maléfique, celui qui est ressorti face à Cherry. Je ne requiers pas la violence, mais elle a dépassé les limites.

Les pas étouffés par la moquette épaisse, j’avance en silence dans le couloir et entre dans la chambre de Lily sans frapper. Quand elle n’est pas là, combien de fois me suis-je promené pour sentir son odeur diffuse, respirer ses vêtements, renifler son parfum ?