Sarah Mlynowski

Et si Blanche était entraînée avec nous ? Comment pourrais-je expliquer sa présence à mes parents ?

Non pas que cela les dérangerait. Elle est vraiment gentille. Et sa bouffe a beau être dégueulasse, elle fait très bien le ménage. Elle pourrait même partager ma chambre. Nous pourrions être les meilleures amies pour toujours. Encore mieux que cela : elle pourrait être la grande sœur que je n’ai jamais eue, mais que j’ai toujours voulu avoir. Oui ! Elle me prêterait ses vêtements, me ferait des tresses françaises et m’enseignerait à me tenir en équilibre sur les mains.

Elle ne pourrait cependant pas donner des ordres à Jonah. C’est ma tâche. Et elle ne pourrait pas m’en donner non plus.

Je ne désire peut-être pas tant que cela avoir une grande sœur, finalement.

— Je ne vais pas frapper plus de deux fois, dit Jonah. Le miroir a sifflé au premier coup, puis est devenu mauve au deuxième. Si la flaque d’eau devient mauve, alors je vais arrêter.

— Parfait ! je réponds.

Sauf que je doute que cela fonctionne. Il n’y a pas beaucoup de reflet dans l’eau. Juste beaucoup de boue.

Jonah se laisse tomber à genoux. Il lève son poing. Il donne un coup. Ou du moins, il essaie de donner un coup. Mais son poing s’enfonce plutôt dans l’eau sale.

Blanche et moi rigolons.

Jonah a l’air confus. Puis, il dit :

— Laissez-moi essayer de nouveau.

Il frappe encore. Splouf. Nous rigolons encore.

— Elle ne siffle pas ni ne devient mauve, dit-il, le visage déçu.

Je jette un coup d’œil à l’eau toujours brune et toujours silencieuse.