Elle sentait la nuit comme on ne l'a sent que lorsqu'on est allongé sans dormir et que l'autre dort.
Un rêve ne doit pas être trop petit si on veut y trouver refuge par une nuit glacée.
Elle ne comprenait pas que l'infini de la douleur qui l'emportait avec une telle violence qu'elle en perdait toutes ses belles convictions avait pourtant une fin ou, du moins, aurait pu en avoir une. Qu'elle n'était pas obligée de stagner dans la douleur. Et elle n'avait personne qui aurait pu le lui expliquer. Elle était livrée sans défense à cette attaque et l'amour mettait à profit sa faiblesse, la poussant devant lui comme s'il voulait se venger de sa morgue.
Tous deux s'emparaient totalement l'un de l'autre, il fallait toujours se montrer à toute force supérieur, quoi qu'il en coûtait, peu importe que le monde leur criât haut et fort qu'ils avaient tort. Ils dévoraient l'autre jusqu'à ce qu'il n'en restât plus rien et plus on se défendait, plus on essayait de se soustraire à leur emprise, plus leur venin gagnait en puissance.
Aussi loin que remontent mes souvenirs, ma mère se débattait avec son corps, ce qui n'était pas encore la règle à l'époque. Il lui semblait étranger, étrange, repoussant, et surtout elle se sentait trahie par lui.
"Les papillons", c'est fait pour rester libres dans la nature ou mieux encore pour être piqués dans une vitrine, mais ça n'a pas sa place dans un ventre.