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Citation de Charybde2


Jour après jour nous rongeons, paraît-il, nos propres glaces. On prédit que nous frôlons la catastrophe. On prédit que la banquise n’aura jamais été aussi réduite. On prédit que le passage du Nord-Ouest, que les siècles ont semé d’épaves, sera bientôt libre de glaces onze mois sur douze. Il y a sans doute du vrai dans ces prédictions. Il suffit de consulter les cartes pour s’en aviser : chaque année, c’est un peu plus de blanc qui recule à la surface de notre orange bleuâtre. Un blanc qui n’avouait pas comme autrefois notre ignorance et notre épouvante mais qui garantissait encore qu’un zeste de candeur trônait aux pôles de notre empire. Que la froidure, que la neige vierge, qu’une innocence glacée, délicieusement crevassée, tonsurait le verger de nos désirs. Mais la planète pèle. Se décalotte à vue d’avion. Elle se décalotte, elle se décalotte de ses glaces, et bientôt les icebergs, larguant les amarres de la mère Groenland, vogueront via le Gulf Stream direction l’Islande, les Féroé, les Shetlands, les Orcades, les Cornouailles, le Finistère ou le Cotentin, et viendront, petits glaçons fondus, lécher les orteils d’argile de notre Vieille Europe.
Qui n’a pas entendu, lu, vu prédire la chose est sourd, aveugle, analphabète ou mort, tant on nous rebat depuis bien cinquante ans les oreilles de ce catastrophisme. De ce réchauffement ou, qui sait, de ce dérèglement climatique. De cet effet de serre.
Seulement, nul ne sait, ou ne veut nous dire, car la science n’a pas réponse à tout, quel sera le visage de la catastrophe.
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