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Citation de Charybde2


L’histoire que je porte ne connaît ni virgule ni ponctuation. Elle se dessine dans nos têtes le matin. C’est la petite phrase qu’on entend encore – celle qu’on a en bouche lorsqu’il s’agit de prendre la route de nos jobs et qu’on sent les herbes fraîches. Et même pas le temps de courir pieds nus ! De jeter ses fringues une à une en riant – en riant ! Se rouler nu dans l’herbe. C’est ça. C’est vraiment ça. L’histoire que je porte relit chaque livre – recopie les breaks les marges et les images. Elle copie les images restées là dans l’œil ou dans l’oreille. L’histoire que je porte est un son – et ça résonne et ça nous crie dans le corps. L’histoire que je porte pourrait déclamer son monde de poussières debout sur le col de Borşa – sous les pluies froides d’un orage d’été – au milieu d’un boulevard du gasoil et des immondices. Et on entendrait au loin les vaches meugler. Et on entendrait au loin une bagnole étouffer sur le bitume. Des corps l’un contre l’autre. Des rires. Des chiens. Ce serait le son de l’histoire que je porte. Et puis à la fin – quand on aura passé les montagnes et les langues – on s’assurera que cette histoire n’existe pas. On consultera les registres – les carnets et les bouches de nos héros. F. avait-il déjà dit : bougeons sans cesse – bougeons tout le temps – changeons chaque jour chaque matin ? Personne n’a-t-il jamais demandé : pourquoi t’écris comme ça ? Et si jamais on trouvait quelqu’un pour l’avoir dit – est-ce qu’on ne tremblerait pas un peu en avouant que l’histoire que je porte c’est celle-ci – exactement celle-ci ? Alors on fermerait les livres. On fermerait tout. La porte de nos cabanes. Les lieux qu’on n’a pas. La caravane de nos songeries. Les cartons – les microphones et les portes. Alors ce serait le début de la quête du héros moderne. Le début des routes. Le début des soleils qui tombent sur les herbes jaune jaune. Les pluies sur nos peaux. Les matins dans les bois. Et les nuits dehors.
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