En fait, réfléchir, c’est fatigant – surtout entre les repas. Si la conclusion d’un raisonnement est crédible, pourquoi ne pas y croire ? Kahneman (2016) en donne un exemple classique repris par plusieurs auteurs : toutes les roses sont des fleurs, certaines fleurs fanent vite, donc certaines roses fanent vite. Bon nombre d’étudiants universitaires estiment ce syllogisme valide. Or, il se peut qu’il n’y ait aucune rose parmi les fleurs qui fanent vite. Comme la conclusion est crédible – en effet, certaines roses fanent vite –, pourquoi réfléchir plus longtemps ? Un tel biais cognitif n’a de surcroît aucune conséquence dans la vie réelle. On est ici au cœur de la paresse du raisonnement humain, valorisée, voire renforcée maintenant, par les réseaux sociaux dont l’heuristique du « like » fait appel aux émotions et non au raisonnement.