Athènes, janvier 1995. Cynique, désabusé, avec pour seules certitudes les étroites frontières de sa vie que sont l’alcool et sa supposée incompétence, l’avocat de trente-neuf ans, Simèon Piertzovànis, se retrouve seul. Le vieil avocat qui l’avait pris sous sa protection vient de mourir brutalement en lui laissant un cabinet vide dont il ne veut pas.
Alors qu’il semble que tout a été réglé et que nulle affaire demeure en suspend, l’une d’elle surgit du néant et, sous les traits d’une femme attirante, lui réclame son aide exclusive en échange d’indemnités plus que correctes. D’avantage séduit que convaincu, Simèon s’engage alors à relier les fils d’un passé où l’amour et les sentiments sont au préalable plongés dans une saumure douteuse, qui réunit dans la marmite bosselée de l’Histoire grecque contemporaine, la politique affairiste, les influences claniques, l’armée corrompue...
Pas de clichés touristiques ici, c’est sous la pluie, la nuit ou dans le brouillard que nous arpentons les rues maussades d’Athènes et de Thessalonique ; la lumière n’est là que pour éclairer la vengeance qui ne compte pas ses coups et donne au roman sa matière et son sens. Le rôle de l’avocat-enquêteur n’est pas exempt des dangers qui menacent les chercheurs de vérité.
Sèrgios Gàkas trace un récit à la première personne, au rythme soutenu et efficace. Son écriture semble spontanée et devient immédiatement captivante, il manie adroitement l’humour et le sarcasme qui agissent comme agents corrosifs sur une société ayant bien du mal à se débarrasser des scories du passé. Livre d’atmosphères, quasi prémonitoire (il est sorti à Athènes en 2001), c’est à son traducteur, Michel Volkovitch, que nous devons ce rendu stylistique parfait.
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