Le 3 janvier 1907, la marquise de Belbeuf et Colette faillirent être arrêtées pour avoir interprété dans une pantomime au Moulin Rouge une scène d'amour lesbien. Intitulée "Rêve d’Égypte", la pantomime représentait une momie tirée de son sommeil éternel par le baiser de son ancienne amante. La scène faillit déclencher une émeute au théâtre, il fallut appeler la police. La pièce fut interdite par Lépine à la demande de l'ex-mari de la marquise ; le mari de Colette Willy, qui était séparé d'elle, perdit sa situation à "L'écho de Paris", et les deux femmes durent cesser de vivre ouvertement ensemble. Cet incident fort connu était doublement significatif. Il montrait quels risques on prenait à afficher son lesbianisme : ces deux femmes ne jouaient pas seulement une pantomime au music-hall, elles clamaient au monde, et en particulier à leurs maris, l'importance érotique du lien qui les unissait. En fait, elles avaient renversé les règles du voyeurisme masculin qui était la base des spectacles burlesques parisiens : au lieu d'exciter l'audience masculine par leurs comportements amoureux, elles s'annonçaient l'une à l'autre l'éveil de leur propre sexualité.
"Vous pouvez peindre, sculpter, parler ou écrire sur certaines parties du corps, mais il en est d'autres qui doivent être traitées comme des zones interdites. Vous pouvez écrire sur ce que vous n'aimez pas voir, toucher, goûter ou entendre ; mais vous ne pouvez pas écrire sur ce que vous sentez. Si vous vous avisez de le faire, vous êtes accusés d'employer des mots indécents. Je pourrais en dire bien d'avantage sur la géographie du corps et comment son influence se propage partout, jusqu'à ce que le censeur fasse une géographie de votre esprit et de votre âme." [Jane Heap]
Hitler accéda au pouvoir sur les bases d'un programme politique destiné à restaurer la puissance de l'Allemagne : peu après son élection, il entreprit d'instituer les Citadelles de l'Ordre, afin d'entraîner l'élite nazie composée de jeunes, hommes et femmes, qui incarnaient les vertus traditionnellement viriles de la force et du courage en même temps qu'ils manifestaient que l'agression et la violence sadique en étaient les manifestations extérieures.
L'écriture fut pour ces femmes un processus de découverte de leur être propre : et chaque fois, ce qu'elles découvrirent, fut un être sexué. Le plus significatif est qu'elles ont survécu au traumatisme de cette révélation, et dans leurs autobiographies s'écrivent aussi l'histoire de la libération sexuelle et intellectuelle au vingtième siècle. A partir du matériau de leur vie, s'élabore la chronique de l'autonomie et de la vitalité des femmes.
[...] La génération d'après-guerre des hommes issus des collèges craignait le manque de courage et de conscience morale ; ils imaginaient la guerre comme l'ultime "Épreuve" de la virilité, et rêvaient d'échapper à l'arrêt de mort qui venait inéluctablement frapper ceux qui la subissaient. La peur de la mort structurait les univers intimes où ces poètes testaient leur vaillance et leur identité masculine.
L'année 1909 fut une année importante et heureuse pour Gertrude Stein car elle vit la publication de Trois Vies qu'elle avait terminé en 1906, et sa relation avec Alice Toklas s'annonçait heureuse. En automne, elle lui déclara son amour sur une colline, aux environs de Florence, lui demandant d'être sa "femme" et de vivre avec elle au 27, rue de Fleurus.
La prostitution était tolérée, mais les femmes qui servaient les hommes étaient punies par la loi si on découvrait qu'elles avaient des rapports érotiques entre elles.