Simon Boulerice

Alors que le mois de novembre vient à peine de débuter, elle a l’idée saugrenue d’organiser une immense guignolée de Noël, question d’émouvoir les téléspectateurs. Elle est là, et elle massacre puissamment la chanson Vive le vent. Si je jette une pièce de 1$ dans sa chaudière, c’est uniquement pour la faire taire. Mais c’est raté. Elle continue. C’est à croire qu’elle ne connaît que cet air-là. Je regarde autour de moi. Je semble être la seule à soupirer d’exaspérations. Les autres élèves sourient. C’est tout de même curieux. Je crois que j’ai trouvé une explication! Mes collègues de classe mériteraient tous un diplôme dans l'art de la simulation. Dès que le bouton rouge de la caméra s’allume, leur attitude change. De blasés et méprisants, ils deviennent tous allumés et compatissants. Ils sont ridicules. La caméra effectue soudain un panoramique vers moi. Je sens que je suis filmée. Mon réflexe est sidérant: je me mets à sourire. Pire: je fredonne avec Magali. Je ne vaux pas mieux que mes collègues. Le camera me rend conne, comme les autres.