Simon Vandereecken

Il lui arrivait parfois de se poser des questions, de se demander s’il était bien à sa place dans ce travail, s’il avait vraiment choisi la bonne voie, mais sa vie n’avait été composée que d’une multitude de choix indécis, chaque chemin emprunté à chaque carrefour n’avait finalement été qu’arbitraire. Au fond de lui il se sentait attiré par trop de choses, tiraillé entre des envies et des passions opposées constamment. Pourtant il fallait bien faire des choix, et comme racontait la sagesse populaire : “Choisir c’est renoncer”. Il avait donc fait ses choix, et commencé à arpenter son chemin de vie. Mais cela ne l’empêchait pas de pouvoir parfois regarder en arrière en se demandant simplement “et si ?”...

Le souci quand on est en avance, c’est que le monde entier vous paraît toujours en retard, c’est que chaque minute dure une éternité, s’étire en longueur en vous narguant du bout de ses secondes intenables. C’est que cette avance ne sert à rien à part à l’introspection, et que celle-ci n’est souvent qu’une douce torture mentale, rien de plus, l’esprit humain étant son propre bourreau..

Peu à peu il admettait qu’il s’était amouraché, l’alcool aidant. Il détestait cette faiblesse qui brouillait son esprit d’ordinaire si clair, l’empêchant de raisonner correctement, le tenaillant. Ses doigts se refusant à exprimer ce que son esprit criait, il termina la conversation en souhaitant simplement une bonne journée, décidant de laisser la main au destin, sachant pertinemment que ce dernier n’avait pas été très clément avec lui ces derniers temps.

Au fond de lui sa fierté l’empêchait de faire le premier pas et de reprendre contact. Mais l’envie le tenaillait, il détestait ces inconnues, d’ailleurs lui et les maths n’avaient jamais été qu’en entente cordiale, mais distante. Il chercha rapidement une image attendrissante, se refusant au simple “coucou, bien dormi ?”, et envoya l’illustration. La conversation s’engagea, étrangement, tristement amicale. Lui même ne savait pas trop quoi dire, se cantonnant au registre de l’humour, parsemant ses réponses de smileys, facéties modernes apaisantes. Il préférait mourir plutôt que d’avouer une faiblesse, de se montrer tel qu’il était réellement.

Lire était devenu pour lui un havre de paix, une île solitaire perdue dans un océan de gens se frôlant, un voyage de l’esprit unique, une initiation plus chère à ses yeux que n’importe quel voyage.