Simone Rea

Fables d'animaux utiles et moralités à ne sans doute pas manquer, laissées aux hommes qui sauront écouter.



L'adaptation de Simone Rea s'adressera tout de même à l'intelligence des enfants d'aujourd'hui, convaincue que c'est là qu'il faudra commencer à planter la graine de sagesse et qu'ils sauront quoi en faire.





Pourquoi le chien gobe t-il tout ce qui est rond ? 

Pourquoi perdit-il son morceau de viande en regardant dans la rivière ?

 Pourquoi le chat s'est-il pendu comme un manteau ?

Pourquoi le corbeau n'est-il pas le roi des oiseaux ?



Les fables d'Esope seront plus courtes et feront mouche en peu de mots.

Souvent, elles sermonneront les sots.

Point de tirade longue comme le bras pour charmer le roi Soleil d'une animation de beaux mots.

Point d'allusion mesquine déguisée aux gens de la Cour pour les piquer et faire le fanfaron spirituel devant un parterre amusé.



L'antique et sage Esope, esclave philosophe nous le rappelons, plus humble donc, optera contrairement à La Fontaine pour l'économie de mots, racontant brièvement et puis soufflant fissa d'une morale cinglante.

On ne le se cachera pas non plus, user des animaux sera plus simple pour dire ce qu'il aura à dire.

Il nous les laissera ses fables, posées là et à nous de nous y pencher pour profiter de tout ce jardin de sagesse.

Certaines vont chatouiller le bout du nez comme le chardon, d'autres vont irriter comme l'ortie.

Les personnages nous sembleront bêtes "à manger du foin" et nous le réaliserons, ils auront cette excuse que de n'être que de simples bêtes.

Quelle sera la notre d'excuse, hum ?



Les situations des fables seront aussi brèves que des anecdotes, mais parfois nous nous arrêterons sur la double page, nous prendrons le temps.

Il ne faudra pas hésiter à aller de l'avant et y revenir.

Les allusions ne seront pas toujours accessibles aux plus jeunes, il ne faudra pas hésiter à les reprendre accompagner des grands et à poser des questions sur la nature humaine.

Esope trouvera une raison à la bêtise par les chemins détournés des histoires animalières ou par le truchement de quelques mythes grecs, comme le Prométhée qui fut contraint de recycler quelques animaux en hommes devant la surpopulation dangereuse. L'astuce sera riche et les jeunes lecteurs seront en âge de commencer à apprécier le double langage et les métaphores.

Esope invitera à réfléchir par soi-même sans suivre bêtement.

C'est ce qui est aussi drôle, un animal ne le pourra pas. Mais nous?

Les aventures ici ne s'imposeront pas au hasard, l'animal aura le choix mais parfois ne prendront pas toujours la meilleure décision.

Tout le monde pourra se tromper.

Nous apprendrons des bêtises, des échecs, des mauvais jugements.

Mais les jeunes lecteurs n'auront pas forcément toujours de pitié ici pour les plus méchants des animaux. Le récit appliquera pour l'instant l'idée du châtiment juste. Pour la leçon de vie et pour que les comptes fassent de nouveau les bons amis.

Dans la perte, les animaux maladroits trouveront l'erreur. Le corbeau, le chien, perdront leur morceau de viande, le lièvre peureux perdra la juste occasion de se taire, le chat menteur et rusé ne verra pas se pointer les rats son dîner.



Côté illustrations, les images animalières de Simone Rea seront superbes, permettant de digérer l'histoire, de méditer en les contemplant un peu le temps parfois que la leçon fasse son chemin.

Petit à petit, les jeunes lecteurs penseront et repenseront à ces paroles du sage qui n'auront pas faits écho à chaque fois, touchant du doigt la vérité un jour parce qu'ils seront prêts à accueillir l'une ou l'autre leçon, variant un peu du "oh, oui, j'ai compris" au pratique "c'est pas faux" (Kammelot, la série*). Ils vont grandir et ils auront le temps de réfléchir, de saisir, de faire des erreurs, ce sont des humains perfectibles. Mais ils sauront tôt qu'être méchant, n'est pas une sage voie à suivre. Là dessus, les enfants ne pourront pas se tromper.