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Citation de ZetaZeta


Sartre me reprochait parfois mon insouciance ; moi, je m'agaçais quand il se plongeait trop longuement dans un journal. Pour me justifier, j'invoquais la théorie de "l'homme seul". Sartre m'objecta que "l'homme seul" ne se désintéresse pas du cours des choses ; il pense sans le secours d'autrui : cela ne signifie pas qu'il choisisse l'ignorance (...). Il s'agissait en fait d'une fuite : je me mettais des œillères pour préserver ma sécurité. Je me suis longtemps entêtée dans ce "refus de l'humain" dont s'inspirait aussi mon esthétique. J'aimais les paysages d'où les hommes semblaient absents, et les déguisements qui me cachaient leur présence : le pittoresque, la couleur locale. A Rouen, l'endroit que je préférais, c'était la rue Eau-de-Robec : les maisons difformes, branlantes, baignant dans des eaux crasseuses semblaient presque destinées à une espèce étrangère. J'étais attirée par les gens qui, d'une manière ou d'une autre, reniaient leur humanité : les fous, les putains, les clochards.
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