Quand les abeilles bourdonnaient, quand les volets verts s’ouvraient dans l’odeur ensoleillée des glycines, déjà je partageais avec cette journée, qui pour les autres commençait à peine, un long passé secret. Après les effusions familiales et le petit déjeuner, je m’asseyais sous le catalpa, devant une table de fer, et je faisais mes devoirs de vacances ; j’aimais ces instants, où, faussement occupée par une tâche facile, je m’abandonnais aux rumeurs de l’été : le frémissement des guêpes, le caquetage des pintades, l’appel angoissé des paons, le murmure des feuillages ; le parfum des phlox se mêlait aux odeurs de caramel et de chocolat qui m’arrivaient par bouffées de la cuisine ; sur mon cahier dansaient des ronds de soleil. Chaque chose et moi-même nous avions notre place juste ici, maintenant, à jamais.”