Monique, le cœur lourd, voit partir ses parents et Robert, son chien, la tête dépassant du coffre. Elle ne voit plus la voiture disparue dans la nuit, elle se sent alors perdue, seule. Son esprit est comme sorti de son corps, il est encore là mais à côté d’elle, elle ne sent plus ses jambes devenues cotonneuses. Elle ne sait pas où aller. Le bruit des avions qu’elle entend au loin et des valises roulant tout près, l’aide à sortir partiellement de son état. Déboussolée, elle se met à suivre quelqu’un au hasard.
Elle ne se prépare pas ce matin-là, elle s’apprête. Elle s’apprête à quitter sa vie qu’elle ne veut plus, qu’elle jette comme un mouchoir usagé.
Les passagers du RER B descendent à la hâte pour respirer à nouveau l’air enrichi en oxygène. Juliette attend son tour. Chapeau de paille vissé sur la tête, elle se fraye un chemin parmi la foule du Terminal 2E de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, slalome entre les valises et dégaine son billet électronique pour confier ses bagages. Tout lui semble simple, rapide, efficace aujourd’hui.
Cinquante ans. Jeanne se réveille ce matin, à l’âge de la maturité. Elle se réveille aussi, de sa vie insipide et étriquée. Sa migraine, qui a élu domicile en elle voilà sept mois, est encore là comme tous les matins de ses nuits sans sommeil. Une de plus.
L’avion atterrit sans encombre. On sent déjà à l’intérieur de l’avion l’air chaud du dehors. Jeanne se découvre, victime d’une bouffée de chaleur. Ils descendent à même le tarmac et traversent rapidement le petit hall de l’aéroport, à taille humaine. Ils récupèrent leurs bagages et rejoignent le chauffeur envoyé par la réception de l’hôtel, qui les accueille chaleureusement, un rafraîchissement à la main. Il leur souhaite la bienvenue aux Maldives.
Finalement ils sont quatre à se rendre au même hôtel, Juliette, Chouchou, Monique et Jeanne.
Chaque rencontre peut être considérée comme une chance, à elle de la saisir.