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Citation de art-bsurde


Exercer la violence est une action sociale constructive – l'acteur ou l'actrice atteignent ainsi des objectifs et créent des états de fait : ils imposent leur volonté à d'autres, font le tri entre les admis et les exclus, s'approprient les biens de celui qui a eu le dessous. La violence est sans aucun doute destructrice pour les victimes, mais pas uniquement pour elles. Tout cela ne signifie pas, pour prévenir un possible malentendu, qu'il y aurait une anthropologie immuable de la violence qui, comme on l'affirme souvent et sans l'avoir vérifié, sommeille en attendant son heure sous le mince vernis de la civilisation ; cela montre seulement que les communautés de survie humaines n'ont jusqu'à ce jour choisi l'option de la violence que lorsqu'elles y voyaient un sens. En réalité, le vernis de la civilisation n'a rien de mince : depuis que les États-nations modernes ont introduit le principe du monopole de la violence, l'usage de celle-ci au sein de l’État a connu une baisse considérable et tout acte violent privé est passible de sanction. Ce progrès de la civilisation a permis cette dose de liberté affirmée dont jouissent les habitants des sociétés démocratiques, mais il ne signifie pas que la violence ait été abolie pour autant : elle a juste changé de format. Cela n'empêche pas que le monopole de la violence soit occasionnellement brisé sur le plan privé ou collectif ; et cela ne signifie pas non plus que les États démocratiques pratiquent en soi une abstinence à l'égard de la violence. Cela veut juste dire que le cadre de référence de la violence, dans les Temps modernes, est différent de celui des cultures non modernes. Il ne s'agit donc pas de l'alternative entre la violence et la non-violence, mais de la mesure et du mode de sa régulation.
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