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Citation de LOVElalecture


- Hester a raison. Tout ce que j'ai toujours eu pour moi, c'est une couronne, une fortune et un visage, murmura Tedros. Or, selon Dovey, le physique et le charme ne suffisent pas pour décrocher un dénouement heureux. Chaddick et les copains se moquaient de cette vieille chouette, alors moi aussi. Cependant, quand j'ai aperçu Sophie tout à l'heure, alors que je n'étais plus prince, j'ai compris qu'elle avait vu juste. Je me suis senti nu, impuissant... Vous pensez tous que j'ai la trouille d'être une fille ? C'est faux. J'ai juste peur d'être aimé uniquement pour mon apparence extérieure, et non pour ma personnalité. Elle est là, la pire crainte de ma vie. Que les gens ne voient en moi qu'un grand prince blond, tout droit sorti d'un livre de contes, et qu'ils en tirent des conclusions sans voir qui je suis réellement. Or, pour la première fois de ma vie, cette enveloppe a disparu. J'ai hérité d'un corps bizarre qui ne m'appartient pas. Il ne me reste que mon moi intérieur. Le Tedros qui, je le sais, ne vaut pas qu'on l'aime.
Il cligna rapidement des paupières.
- C'est ce qui est arrivé à mon père, non ? Il a poussé ma mère à voir en lui un roi le plus longtemps possible, jusqu'à ce qu'elle découvre la face cachée sous le pouvoir et la beauté... l'homme qu'il était à l'intérieur... Arthur... rien qu'Arthur, un type qui ne méritait même pas un au revoir. Et si j'étais comme mon père, Agathe ? Si ce qui se trouve sous le costume du prince ne te suffisait pas ? Voilà peut-être pourquoi, plus nous approchons de Camelot, plus tu me cherches des poux. Parce que, sous le prince... tu vois que je ne suis... que je ne suis... rien.
Il essuya ses yeux humides.
- J'ai toujours été le Prince. Sans mes repères, j'ignore comment me débrouiller. Je ne sais ni quoi dire à Sophie, ni comment la convaincre de me faire confiance, ni comment la sortir du château sans que le Grand Maître nous tué tous.
Agatha contempla son visage barbouillé de larmes.
- Moi, je ne sais pas comment récupérer ton épée.
Tedros ne put s'empêcher de rire entre deux reniflements.
Agatha nicha la tête sous son bras accueillant, sa grosse main virile enveloppant la délicate menotte de son fiancé.
- Quand je te regarde, je ne vous pas de prince. Même quand tu es au sommet de ta beauté, de ton charme et de ton attitude macho, je ne peux pas voir de prince. Car, si je vois un prince, il faudra que je vous la roi et, si je vois le roi, je serai obligée de le voir moi-même en reine... la reine du pays le plus célèbre au monde...
Elle refréna un élan de panique.
- Voilà pourquoi je résiste autant. Pourquoi je me suis confiée à la princesse Uma. Pour être avec toi, je dois faire semblant de croire que tu n'est pas un prince, imaginer que notre couple sera toujours comme au début de notre séjour à Gavaldon, une fille normale avec un garçon normal, sans royaume qui nous attendrait quelque part. Or, je ne peux y parvenir qu'en regardant de plus près, par-delà ce que j'ai sous le nez, vers le coeur et l'âme qui m'ont fait succomber. Une âme sensible, honnête et animée de sentiments profonds. Un coeur dont l'amour ressemble à un énorme soleil doré qui te réchauffe quand tu es près de lui et te laisse glacée quand il n'est plus là, si bien que tu es prêt à tout pour le retrouver.
Une larme coula sur la joue d'Agatha.
- Peu importe que tu soit un garçon ou une fille. Peu importe qui est ton père, d'où tu viens ou à quoi tu ressembles. Tu as peur que je te quitte quand je verrai qui tu es réellement, alors que c'est précisément cette partie-là de toi qui le fait rester.
Tedros la fixa, les yeux ronds et embués. À ce moment précis, bien que toujours empêtrés dans leurs nouvelles enveloppes corporelles, Agatha ne se sentait plus garçon, et Tedros ne se sentait plus fille. Lorsqu'il se pencha vers elle, elle respira son haleine mentholée et ferma les yeux.
- C'est là que tu m'expliques comment récupérer ton épée, chuchota-t-elle.
- Aucune idée, murmura t'il.
Elle savoura le goût de ses lèvres sur les siennes.
- Bien, bien ! lança une voix aiguë.
Agatha pivota et aperçu trois ombres sur le seuil. Les prunelles de Hester étincelaient dans la pénombre.
- Tu parles d'une manière de faire bon usage de son temps !
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