Je n’avais jamais dormi avec personne d’autre que ma mère. Nous nous pelotonnions l’une contre l’autre dans son petit lit et elle me berçait avec une chanson tout en me caressant les cheveux. Je ne l’avais pas revue depuis le jour où elle avait flanqué entre mes mains un baluchon qui ne contenait qu’une miche de pain, un bout de fromage et un manuel sur L’Art de la cuisine, la seule chose que mon père nous avait laissée. Ma mère l’avait utilisé pour convaincre les quakers de lui trouver du travail comme cuisinière plutôt que fille de cuisine.