Sophia Loren

Il n'est pas facile de dire si l'on a réussi un film. A la différence du théâtre où la réaction immédiate du public et les critiques du lendemain dans les journaux vous renseignent tout de suite. (...) Mais au cinéma, le fractionnement des prises de vue, leur enchaînement fantaisiste (...) il faudra encore attenre des mois, le produit fini sera présenté à des moments différents dans diverses parties du monde.

A Mamma

Chi tene 'a mamma
è ricche e nun 'o sape;
chi tene 'o bbene
è felice e nun ll'apprezza

Pecchè ll'ammore 'e mamma
è 'na ricchezza
è comme 'o mare
ca nun fernesce maje.

Pure ll'omme cchiù triste e malamente
è ancora bbuon si vò bbene 'a mamma.
'A mamma tutto te dà,
niente te cerca

E si te vede e' chiagnere
senza sapè 'o pecché,
t'abbraccia e te dice:
"Figlio!!!"
E chiagne nsieme a te.

Salvatore di Giacomo

Quand j’entends le prénom de Sophia, je me mets à sauter et à sauter encore, car c'est une explosion de vie. comme un baiser sur la joue. C'est quelque chose de merveilleux, on peut voir mon cœur battre de plus en plus fort, poum poum poum. Elle est très, très italienne. Lorsqu'elle se déplace, lorsqu'elle marche, c'est toute l'Italie qui avance avec elle. On voit défiler la Sicile, la Toscane, la Lombardie. Et puis Milan, Florence, Naples, la tour penchée de Pise, le Colisée, la pizza, les spaghettis, Toto De Sica, il y a tout en elle. (hommage de Roberto Benigni p 337)

La faim fut le thème dominant de mon enfance.

Je me sens inquiète, comme lorsqu’on glisse doucement de la réalité dans un monde différent, fait de rêves ou de souvenirs, on ne sait pas. Ne parvenant décidément pas à rester tranquille, j’enfile ma robe de chambre et je vais dans le bureau, au fond du couloir. Pour quoi faire ? Je ne le sais pas encore. Je fixe l’étagère du regard, je déplace les livres, les bibelots, les photos, les presse-papiers. Je m’agite, comme si je cherchais quelque chose. Je commence déjà à m’énerver lorsque, au fond de l’étagère, j’entrevois une boîte en bois sombre. Je la reconnais aussitôt ; en un instant, des lettres, des télégrammes, des petits mots et des photographies défilent sous mes yeux. Voilà ce qui m’appelait, voilà le fil rouge qui guidait mes pas, en cette froide soirée d’hiver.

Zabayon

En Italie, spécialement dans le sud, on a une façon pittoresque de célébrer les nouveaux époux. Partout où ils sont invités, on leur offre une crème zabayon.
On sous-entend clairement, avec cela, que les deux tourtereaux ont besoin de reprendre des forces, dans ces jours de surmenage amoureux.

Plus je devenais un personnage en vue, plus mon sentiment de responsabilité et ma peur d’échouer augmentaient. Désormais, tout le monde me scrutait et se tenait prêt à me juger, à me prendre en faute, à prouver que je n’étais qu’un bluff. Mon anglais s’améliorait de manière évidente, mais je jouais des rôles de plus en plus importants, avec de plus en plus de texte, ce qui m’obligeait à une grande concentration. Louella Parsons et Hedda Hopper, les deux chroniqueuses les plus féroces du milieu, terrorisaient les stars de leurs méchancetés mordantes. Par chance, elles se montrèrent toujours plutôt douces avec moi, car je restais en tout état de cause un outsider. Je n’étais jamais qu’une Italian girl qui, tôt ou tard, rentrerait chez elle.

J’étais frappée par les limousines et les Cadillac, par les villas resplendissantes, mais aussi par les motels et les drive-in. Je découvrais les supermarchés et les shopping centers, les apéritifs au bord des piscines et le cottage cheese dans la salade de fruits. Je rencontrais les mythes de ma jeunesse, je me sentais au cœur du monde. Mais on ne parlait de rien d’autre que de cinéma, et j’avais parfois la nostalgie de mon pays, si riche en histoire, en ironie, en humanité. À Hollywood, les gens ordinaires n’existaient pas.

Sans la vie, le conte de fées perd toute sa magie, et vice versa. Le plus beau, c’est de marcher à mi-chemin entre les deux, sans jamais renoncer ni à l’un ni à l’autre.

Ce sont deux choses différentes, deux beautés d’un genre différent. Dans un cas, c’est une comédie ; dans l’autre, une tragédie…

« Joue avec tout ton corps, y compris tes doigts de pied et ceux de tes mains, ils sont aussi importants que la voix, les yeux, le visage. » Bien entendu, il exagérait, mais ses propos recelaient une grande vérité. Lorsqu’on interprète un rôle, on le fait corps et âme, avec ses sens et sa tête, sa peau et ses tripes, sa mémoire et son cœur. Dans notre métier, c’est le seul secret qui compte.

Il arrive parfois que le temps s’accélère soudain, que de vieilles peurs laissent la place à de nouveaux défis et que tout prenne un aspect nouveau, tandis que nous nous engageons sur des chemins inconnus et inattendus.

À l’école, j’étais fascinée par les orphelines, que les religieuses faisaient toujours asseoir dans les derniers rangs, pour bien souligner à quel point elles étaient malheureuses. Je me mettais juste devant elles, comme si je m’étais sentie à mi-chemin entre le malheur et une normalité qui ne m’appartenait pas. J’aurais beaucoup aimé visiter l’orphelinat annexé au couvent, mais il y avait, entre les deux, un haut et large escalier dont l’accès nous était strictement interdit.

Plus que le pain, et peut-être même plus que l’amour, le principal ingrédient de la cuisine de mammà Luisa était l’imagination.

Certaines choses ne s’oublient pas, qu’on le veuille ou non.