Oui, longtemps, j'ai marché. Les mots qui m'accompagnaient, tels des anges tranquilles, veillant sur mon bonheur. Discret. Sans tapage. Presque transparent. Écrire pour oublier. Non. Pour dire.
Ma maman n'aimerait pas. Que je triche. Que je mente. Que je maquille mes faits et mes gestes. que je souille l'éducation reçue à grand renfort d'un homme, tu sais, mon fils, un homme ça ne pleure pas. Je sais, maman, je sais. Tu vois, je me retiens. Je ne te montre rien. Mes larmes, devant toi, toutes desséchées, fanées, ravalées, oubliées. Jusqu'à me refuser le droit de ressentir la moindre petite flamme issue des sentiments.
( p 23)
Ailleurs, la nuit n'en finit pas. S'étourdir dans l'urgence. Descendre en rappel dans les caves enfumées de plaisir. Il sait l'éphémère du désir, des peaux meurtries d'attente, des coulées de lave sans lendemain. L'aube est une ogresse. Insatiable. Qui enfante les mensonges à portée de silence.