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Citation de pergolese


– C’est pas croyable ! répète Peyo. Une cascade de cette taille, ça ne s’invente pas ! Comment a-t-elle pu apparaître tout d’un coup ?
Il n’en revient visiblement pas. Près de lui, Mounioc ne tient pas en place, aussi excité que son jeune maître.
Inès s’approche du petit bassin qui s’est formé au pied de la chute d’eau. Les embruns l’atteignent mais elle n’y prend pas garde, appréciant sans doute la fraîcheur ainsi dispensée.
– Peut-être que l’eau travaillait derrière la paroi et que la pierre a éclaté aux derniers gels ? propose Peyo. Que le trou s’est formé comme ça ?
Sans répondre à son frère, Inès retire ses espadrilles et se jette sous la chute qu’elle traverse en deux bonds. Elle disparaît derrière le rideau d’eau.
Mounioc se met à aboyer furieusement. Au bout de trente secondes, elle réapparaît trempée jusqu’aux os.
– Mais tu es pègue ou quoi ? hurle Peyo. Tu comptais aller où, comme ça ?
Sans se démonter, Inès essore ses longs cheveux noirs. J’essaie de ne pas voir les deux boutons qui pointent à travers son corsage mouillé.
– Je voulais juste vérifier qu’il n’y avait rien derrière.
– Derrière ? dis-je stupéfait. Et que voulais-tu qu’il y ait derrière ?
Elle me regarde comme si la réponse était évidente.
– Il aurait pu y avoir un passage, une grotte, quelque chose que la cascade dissimulerait pour ne pas qu’on le découvre…
– Ne me dis pas que tu as cru que le passage du Drac était derrière la cascade ! demande Peyo avec un air de défi.
– J’y ai pensé, c’est vrai. Mais il n’y avait rien, que la paroi de la montagne. Allons, installons-nous au soleil, que je me sèche.
Et en trois pas d’escalade facile, elle grimpe sur un bloc plat. Elle retrousse sa jupe, offrant ses mollets au soleil. La vue de sa peau blanche, si surprenante tant le teint de son visage est mat, fait démarrer une sorte de tourbillon dans mon ventre. Surprenant mon regard fixé sur ses jambes, elle laisse échapper un sourire fugitif. Je n’ai pas le temps de me remettre de cette vision que Peyo, ayant rejoint sa sœur, me tend la main pour m’aider à monter.
Une fois tous les trois installés, Inès répond à la question que le tourbillon dans mon ventre m’a empêché de poser.
– Dans ces montagnes, certains racontent qu’il existe encore des créatures magiques de l’ancien temps, comme les dracs. Les dracs vivent dans les torrents et parfois près des ponts. Ce sont des génies des eaux, plutôt malfaisants. Pourtant, il existe une légende, que Marie nous a souvent racontée et qui parle d’un drac gentil. Une sorte de gardien qui veille près d’une cascade sur l’entrée …
Inès ne finit pas sa phrase. Ses yeux s’agrandissent et je vois s’y installer la peur. Elle fixe un point en aval, un point invisible pour Peyo et moi car nous sommes assis face à elle. Avant que j’aie pu réaliser que quelque chose de terrible vient d’arriver, une voix rauque ordonne :
– Debout les mioches, descendez de votre rocher. Et toi, le youpin, n’essaie pas de faire le malin.
Cette voix… Et cette insulte qu’elle porte... Je n’ai pas besoin de me retourner pour reconnaître l’homme qui nous a abandonnés dans la montagne, ma famille et moi.
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